Le secteur du bâtiment connaît actuellement un grande révolution, non seulement dans la conception de ses ouvrages, toujours plus connectés, mais également dans ses processus d’action, davantage liés aux territoires et aux aspirations de leurs habitants. « La tendance est aux lieux multiusages, souligne Emmanuel François, président de la Smart Building Alliance, et elle est accélérée par l’optimisation des espaces, la maîtrise des énergies, la recherche de bien-être ». Trois composantes de la smart city, qui façonnent donc le renouveau des acteurs du bâtiment. « La vision linéaire de la construction de la ville est obsolète, poursuit Kevin Cardona responsable Innovation et Développement durable chez BNP Paribas Real Estate. Nous ne sommes plus des maîtres d’ouvrage mais des maîtres d’usage. Nous devons donc anticiper, par exemple, la réversibilité des immeubles et, pour cela, embarquer dès le démarrage des projets, des opérateurs de services. »
Dans cet écosystème qui se réorganise, les collectivités, en tant qu’aménageurs, sont invitées à prendre part aux débats. Mais si les Universités d’été sont l’occasion de débattre du sujet, elles ne doivent pas leurrer les acteurs du bâtiment : toutes les villes ne sont pas encore matures sur le sujet. Et pour celles qui se lancent, « attention à ne pas créer de séparation entre les quartiers connectés et les autres, pour lesquels le travail se concentre sur la rénovation » prévient Francisque Vigouroux, maire d’Igny et référent numérique de l’APVF (Association des Petites Villes de France).
Le smart building, vecteur de services au profit de la smart city
Les villes, que veulent-elles faire de leurs quartiers ? Comment veulent-elles "physiquement" se transformer ? Comment peuvent-elles mieux correspondre aux usages et aspirations sociétales et environnementales de leurs habitants ? Chaque commune porte ses réponses et sa vision de la ville de demain, en accord avec son identité propre. Son rôle auprès des acteurs privés est non seulement de faire connaître cette vision, mais également « de garantir une gouvernance globale afin de leur permettre de travailler ensemble » souligne Karine Dognin-Sauze, vice-présidente de la métropole du Grand Lyon.
Le smart building propose des services correspondants aux valeurs de la smart city telles que le partage, le dynamisme économique ou la préservation de l’environnement. Plus largement, les données collectées – issues des lieux et des individus - et les technologies numériques – les algorithmes d’analyse, les plates-formes de gestion... - permettent d’associer le bâtiment à son quartier, en organisant par exemple un espace de coworking ou le partage des places de parking d’un immeuble de bureaux avec les riverains. Elles favorisent la gestion de l’énergie au niveau local par le biais d’un équilibrage entre le parc immobilier et les infrastructures urbaines (les lampadaires, les bornes de recharge électriques, etc.), ces deux entités étant consommatrices d’énergie, et potentiellement productrices avec des panneaux photovoltaïques. Dans la smart city, le bâtiment intelligent peut par conséquent être un levier d’innovation pour les villes, à savoir une rencontre entre l’agréable et l’utile.