Améliorer la qualité de vie des franciliens, mais aussi rendre l’Ile-de-France plus attractive pour ceux qui veulent investir, travailler, étudier dans la région ; tel est l’objectif de cette ambitieuse initiative qui vise aussi à faire « remonter la région capitale dans les classements internationaux ». « La révolution digitale nous permet d’apporter des réponses à ces questions, explique Valérie Pécresse, présidente de la région, nous pouvons parvenir à une meilleure cohésion sociale par le digital en concertation directe et participative avec les habitants ».
Ce projet s’appuie sur quatre piliers principaux, qui sont à la fois des principes de moyens et de méthodes. Le premier d’entre eux, ce sont les réseaux. Sans couverture très haut débit fixe et mobile, pas de services numériques satisfaisants. La région veut donc accélérer la couverture de son territoire, avec l’ambition de « tout fibrer » à l’horizon 2021-2022, exception faite de la Seine-et-Marne [le territoire le plus vaste et le plus rural de la région], qui devra attendre 2023. Pour atteindre cet objectif, la région prévoit d’ajouter 40 millions d’euros aux investissements déjà consentis par les départements. Cette couverture « 100 % THD » permettra, entre autres, de faire passer le nombre de tiers-lieux de 621 actuellement à plus de 1 000, une augmentation qui contribuera à la réduction des déplacements et au lissage des heures de pointe dans la région.
L’Ile-de-France en 3D
Le deuxième pilier, c’est une utilisation massive de la donnée ; un objectif qui poursuit plusieurs buts, dont celui de « dématérialiser toutes les relations entre la région et ses habitants ». Pour cela, le budget consacré aux systèmes d’infirmation sera augmenté de 40 %. « Nous allons faire un double numérique en 3D de la région, explique Valérie Pécresse. Cela donnera à voir la région à tous ceux qui veulent investir, c’est comme cela que travaillent les smart nations telles que Singapour ». Pensée comme un « concentrateur de données », qui fédérera tout type d’informations sur l’Ile-de-France, cette plate-forme servira aussi évidemment aux usages internes de la région. Le « dialogue compétitif » qui devra mener à sa construction (budgetée à 5 M€) démarrera à la mi-décembre, et le choix du consortium qui en aura la charge interviendra mi 2018. « Ce double numérique régional va s’inscrire sur plusieurs années, précise la présidente, mais nous montrerons les briques du projet dès que nous les aurons ». Par ailleurs, l’open data « par défaut » deviendra la règle en 2018, signe d’une volonté d’ouverture.
Le troisième pilier est une conséquence directe des deux premiers, puisqu’il porte sur les nouveaux services qui seront proposés aux citoyens comme aux entreprises. L’aspect couverture entre ici également en ligne de compte, puisque sur les lycées, par exemple, on ne peut pas imaginer des services sans couverture THD. Fin 2017, 60 % d’entre eux seront connectés en fibre optique, et le chiffre de 100 % devrait être atteint en 2020. De cette couverture dépend le succès de services tels que monlycee.net (un réseau social éducatif mis en place par la région qui permet le partage de contenus pédagogiques comme l’intégration de nouvelles solutions proposées par des start-up) ou de "Code ton lycée", opération qui démarre ce mois-ci pour initier les lycéens au codage et les pousser à proposer des applications nouvelles sur ce réseau. L’apprentissage des langues devrait également progresser à pas de géant grâce au numérique. La révolution numérique que porte ce projet touchera également les transports, l’un des effets les plus visibles pour les utilisateurs sera la disparition du ticket de transport physique en 2021.
Un levier pour l’emploi
Ce troisième pilier porte également sur une série d’initiatives autour de l’emploi. Un outil d’analyse big data sera mis en place en collaboration avec Pôle Emploi pour répertorier tous les emplois disponibles dans la région, avec une approche d’offres par bassins d’emploi (24) ; l’idée sous-jacente étant de rapprocher autant que possible l’offre et la demande au niveau local. La formation professionnelle fera également l’objet d’une attention soutenue, afin de former les demandeurs d’emploi aux métiers en tension comme aux nouveaux métiers d’avenir. Près de 6,5 M€ ont déjà été investis pour soutenir 46 projets en ce sens. Dans le même élan, un gros centre d’e-learning sera créé. Le tourisme, la culture, le sport bénéficieront également d’applications dédiées, adaptées aux besoins des utilisateurs locaux comme des touristes.
L’Ile-de-France étant par ailleurs « la 4ème grande région d’innovation dans le monde, après la Silicon Valley, Shenzhen et Tel Aviv » (dixit Valérie Pécresse), la région prévoit de dresser une cartographie des start-up locales pour servir de guide aux grands groupes qui cherchent à interagir avec elles et pour orienter les investisseurs. Ce troisième pilier du plan prévoit aussi que la région mette à la disposition des collectivités des outils qui les aideront à devenir des smart cities.
Une révolution participative
Le dernier étage de la fusée de cette "Smart Region Initiative" porte sur la méthode, puisque la « co-construction » est l’un de ses maîtres mots. « Nous sommes dans l’innovation ouverte, commente la présidente de la région, c’est aux franciliens, aux entreprises et aux start-up de nous faire savoir ce qu’ils veulent ». Des rendez-vous réguliers seront planifiés avec les uns et les autres pour alimenter cette réflexion.
Reste qu’un tel plan, par son ambition comme par son périmètre, risque de créer des points de friction avec deux autres organisations territoriales : la ville de Paris et la Métropole du Grand Paris. Un arbitrage présidentiel sur la question est attendu tout prochainement…