Comment est née votre association ?
Les élus, qui ont fondé l’association Adullact en 2002, cherchaient une indépendance vis-à-vis des éditeurs de logiciels ainsi qu’une mutualisation des moyens. Le logiciel libre est une réponse à ces deux aspirations. Il permet notamment de mutualiser en aval – via l’utilisation d’un logiciel libre déjà existant qu’on peut faire évoluer – mais aussi en amont, en finançant les moyens humains pour développer un nouveau logiciel. Il y a un an, le département du Rhône s’est ainsi lancé dans le développement d’un logiciel métier (département & notaires) afin d’interagir avec les notaires dans le cadre du remboursement des aides sociales "trop-perçues" suite au décès d’un administré. Auparavant, l’équivalent d’1,5 homme temps-plein par mois devait être mobilisé pour cette mission. Une dizaine d’autres départements se sont emparés de ce nouvel outil, réalisant des économies d’argent public, et le font aujourd’hui évoluer.
Comment contribuez-vous à la diffusion d’une culture du « libre » ?
Sur notre site, nous recensons des logiciels libres développés par et pour des services publics. Nous mettons à disposition dans une "forge" près de 800 codes sources. Parmi les plus téléchargés, je citerai Xemelios, un outil comptable. Et pour faciliter les démarches des agents et des élus, nous avons créé "Le Comptoir du libre", un moteur de recherche qui permet de trouver un logiciel, d’entrer en contact avec une personne qui utilise ce même logiciel – et de bénéficier ainsi de ses conseils -, et de connaître des entreprises qui peuvent accompagner la collectivité dans la formation du personnel ou l’intégration et la maintenance de l’outil. Nous favorisons ainsi le lien entre les développeurs et les décideurs dans les collectivités.
Vous avez lancé un appel à candidature pour le label « Territoire Numérique Libre 2017 » dont les lauréats seront connus le 5 décembre prochain. Que récompense ce label ?
Ce label, attribué par un jury composé d’associations en faveur du logiciel libre, des élus ou encore la DINSIC (direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État) met en avant le phénomène du logiciel libre. L’an dernier, la ville d’Arles a fait partie des lauréats pour avoir développé une vingtaine de logiciels libres, facilitant la gestion des listes électorales ou des cimetières et concessions par exemple. Rennes a également obtenu le label niveau 4 pour son investissement dans le logiciel libre ; depuis, Rennes a continué son action en faveur du libre en quittant Outlook – soit 700 000 euros de contrat avec Microsoft - au profit d’une suite "libre" ZIMBRA. Aujourd’hui, elle a dépensé seulement 200 000 euros pour être accompagnée dans l’usage de son logiciel libre. Mais notre label n’est pas réservé aux grandes villes : cette année, Ladevèze-Rivière, un village de 200 habitants, a candidaté et sera récompensé !