Quel bilan tirez-vous des travaux de la première chaire Anthropolis ?
Cette chaire, portée par l'IRT SystemX et CentralSupelec et rassemblant cinq partenaires industriels (Alstom, Engie, RATP, Renault et SNCF) avait pour objectif de mieux définir les contours de l’expérience de mobilité actuelle et de demain, en s’appuyant sur le développement d’éco-innovations. Nous avons fortement avancé sur les trois axes de recherche que nous nous étions fixés. Nous avons notamment mis au point une modélisation de l'expérience voyageur, qui va nous permettre d'analyser les problématiques de mobilité quotidienne et d'imaginer de nouveaux services pour y répondre. Nous avons également travaillé sur l'optimisation et la synchronisation des flux de passagers et de marchandises, via l'utilisation de véhicules autonomes, personnels et partagés. Nous avons aussi adopté une approche plus prospective, à l'horizon 2030, en utilisant des modèles de personas.
Sur quels axes de recherche allez-vous vous concentrer pour cette seconde édition ?
Cette seconde chaire, qui est financée par EDF, Engie, Nokia Bell Labs, Renault et la communauté d’agglomération Paris-Saclay, doit nous permettre d'aborder les enjeux soulevés lors de la première édition, sous un angle plus spécifique et plus territorial. Nous allons continuer à étudier la mobilité du futur, en intégrant l’approche prospective par "persona". Cette méthode devra articuler une vision à la fois microscopique (l’humain, le voyageur), mésoscopique (gouvernance) et macroscopique (ville-société). Nous nous focaliserons également sur la Mobility as a Service (MaaS). Nous nous interrogerons notamment sur la gouvernance et l'organisation de ces nouveaux services et sur leur degré de centralisation optimal, ou encore sur les apports potentiels de la blockchain. Enfin, les infrastructures et le nouveau partage de l'espace public (capteurs, bornes de recharge, stations de mobilité partagée, parking et voiries à l'heure des véhicules autonomes, etc.) seront étudiés.
Quelle est le rôle d'une collectivité telle que Paris-Saclay dans la chaire ?
Avec la création du cluster Paris-Saclay, qui rassemblera 27 communes, quatorze établissements d’enseignement supérieur et organismes de recherche et 280 laboratoires, cette collectivité est en pleine mutation. C'est un territoire atypique, dans lequel chaque année, apparaissent de nouvelles routes, de nouvelles lignes de bus, bientôt de métro et dans le futur, peut-être des navettes autonomes ou encore des robots-taxis. Cela pose d'énormes challenges à la communauté d'agglomération, qui est demandeuse de conseils et d'échanges. Pour nous, c'est un sujet d'étude très dynamique et intéressant, sur lequel nous pouvons mener de nombreuses simulations.