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Idex : décupler le Fonds Chaleur pour accélérer la décarbonation de l’énergie

Réseau de chaleur

Le plus petit des « grands » acteurs de l’énergie en appelle à l’Etat pour donner une véritable accélération aux réseaux de chaleur (et de froid), seuls outils susceptibles - d’après Idex - à avoir un impact certain sur la décarbonation de l’énergie et la stabilité des prix.

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A côté des géants de l’énergie comme EDF, Total Energies ou Engie, Idex fait figure de petit Poucet, avec son milliard d’euros de chiffre d’affaires et ses 5000 collaborateurs. Mais cette « petite » taille ne bride pas l’ambition XXL de ses dirigeants en matière de transition énergétique… et de potentiel de business qui est généré derrière. Pour accélérer cette transition, il faudrait, selon Idex, que l’Etat augmente et répartisse mieux sa contribution financière à l’effort de décarbonation de l’énergie.

Benjamin Fremaux, président d’Idex

« On [l'Etat]  investit 7 milliards d’euros pour remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables électriques, mais avec un effet zéro sur la décarbonation, fulmine Benjamin Fremaux, président d’Idex depuis décembre 2019. L’ADEME a obtenu le doublement du Fonds Chaleur, qui est passé de 250 à 500 millions d’euros, mais cela ne suffit pas ».
Il faudrait, selon le dirigeant, que ce nouveau montant soit encore multiplié par dix, pour atteindre les 5 Mds d’euros par an. Crée en 2009 afin de massifier sur le territoire les installations de production de chaleur renouvelable, le Fonds Chaleur Renouvelable géré par l’ADEME est présenté comme un outil essentiel pour atteindre 32 % d’EnR en 2030 et pour réduire la facture énergétique et les émissions de CO2 ; deux objectifs de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV).


Référent dans la neutralité carbone des territoires

Aux manettes de la société depuis près de deux ans, Benjamin Fremaux, ancien conseiller énergie-climat de Christine Lagarde à Bercy, et référent sur le sujet au cercle Montaigne depuis 10 ans, met en avant un projet industriel aligné avec une conviction personnelle forgée lors de ses années de cabinet ministériel.
N’hésitant pas à tacler au détour d’une phrase le discours « green washing » de certains de ses grands concurrents, Idex présente la sincérité de son ambition environnementale et sa dynamique entrepreneuriale comme un aimant pour attirer les talents en quête de sens. En témoigne le recrutement de Tristan Picard (ancien dirigeant CertiNergy, racheté par Engie), d’Edouard Roblot (transfuge de Total) ou encore la création de joint ventures telles qu’Aïden (avec Eren et Accenta, pour accélérer le verdissement des bâtiments) ou R3 Energy (avec Frédéric Rodriguez, fondateur de GreenFlex), pour accompagner les acteurs de l’économie dans leur stratégie de décarbonation
Idex est présent dans les infrastructures (incinération des déchets, réseaux de chaleur et de froid, utilities industrielles, bâtimentaire). La société installe et exploite des réseaux, en s’appuyant sur un réseau d’une centaine d’agences en France.
Souvent présenté comme « le chauffagiste du BtoB », cet acteur de la maintenance multitechnique veut devenir « le référent intégré, indépendant et engagé dans la neutralité carbone des territoires ». La société envisage de financer une bonne partie des projets de ses clients en combinant le mécanisme des certificats d’énergie, la contribution de l’ADEME et avec celle des fonds Feder ; le reste à charge étant assumé par Idex.
L’offre de son nouveau département « Bâtiment Bas Carbone » prévoit d’investir en moyenne 1 M€ sur les sites de ses clients entreprises et collectivités pour « déployer des panneaux photovoltaïques, des bornes de recharge et du stockage, en ne faisant payer les clients qu’en fonction de leur usage en énergie verte et locale ». Un service présenté comme la TAAS, ou Transition énergétique as a Service.


Une vocation à transformer les territoires

Les collectivités territoriales représentent un tiers du chiffre d’affaires d’Idex et Benjamin Fremaux voit dans cette clientèle un énorme potentiel pour développer les réseaux de chaleur. Sa cible, pour cette partie de l'activité, c’est « les métropoles de taille moyenne et plus », telles que Le Mans, Tours, Nantes, Limoges…
« Nous avons gagné un beau réseau de chaleur à Clermont Ferrand, avec plus de 40 M€ d’investissement, pour récupérer la chaleur fatale d’une usine pour l’injecter dans un quartier d’habitation », précise-t-il.
Mais la conclusion de ce type de contrats de long terme (25 ans pour Clermont Ferrand) peut être impactée par les aléas de marché des énergies fossiles.
« En début d’année, explique-t-il, le gaz était à 14 € du MW/h. Dans ces conditions de marché, aucun projet d’énergie renouvelable ne peut sortir. Puis, le prix du gaz est monté jusqu’à 150 € du MW/h pour redescendre à 90 MW/h. Si le prix du gaz est très bas et en l’absence d’une taxe carbone, le gaz l’emporte sur d’autres solutions, alors qu’avec la chaleur fatale, nous produisons le MW/h à 60 ou 70 € ».
Résultat : l’argent qui aurait pu être investi dans les réseaux de chaleur renouvelables est en partie investi dans les chèques énergie distribués pour atténuer auprès du consommateur l’augmentation brutale du prix de l’énergie.
« Pour les élus locaux, poursuit le dirigeant, ce n’est pas un problème de méconnaissance, mais de structure de marché. Il faut des convictions politiques et des subventions qui sont à la hauteur des enjeux pour faire aboutir ces projets ». Par ailleurs, « le sujet des réseaux de chaleur est pris avec condescendance par l’échelon national, parce que c’est très local et cela coûte beaucoup moins cher qu’un réacteur nucléaire. Il ne faut pas que l’Etat se défausse sur les élus pour décarbonner la chaleur, il faut qu’il fasse sa part ».

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