La centrale géothermique de Vélizy-Villacoublay fait partie de ces projets qui auraient pu être mis à l’arrêt par le Covid, puisque le début de sa construction - après trois années de préparation et de développement - a coïncidé avec le début de la crise sanitaire. Mais le projet a été mené à bien dans les temps et commence à produire juste au moment où le prix des énergies reposant sur les combustibles fossiles s’envole.
Pascal Thévenot, maire de Vélizy-Villacoublay |
« Ce projet est né au départ une idée un peu folle, explique Pascal Thévenot, maire de Vélizy-Villacoublay, c’est celle d’aller chercher dans le Dogger [couche géologique correspondant au Jurassique moyen qui se trouve en 1500 et 2000 m de profondeur en Ile-de-France] l’eau chaude pour pousser ce nouveau concept de géothermie. Pour cela, il fallait que toutes les équipes de la ville s’embarquent avec nous ».
L’enjeu, c’était d’ajouter une nouvelle source de chaleur renouvelable au réseau de chaleur de la ville ; un réseau de 19 km de long mis en œuvre dans les années 1960, jusque là alimenté par deux chaufferies « traditionnelles ».
« En deux ans, poursuit l’édile, nous avons réussi à mettre en œuvre ce projet qui va desservir tous les habitants qui sont en habitat collectif, mais aussi 20 % du monde économique Vélizien ».
Ce projet s’appuie sur deux grandes innovations, comme explique Cécile Prévieu, Directrice Générale Adjointe d’Engie en charge d’ Engie Solutions : « la première, c’est la création de la première société d’énergie renouvelable en Ile-de-France, baptisée Véligéo, avec 20 % des parts pour la ville et 80 % pour Engie solutions. La deuxième innovation, c’est la solution technique utilisée, une technologie multidrain mise au point par Antéa et Schlumberger qui permet de maximiser la chaleur du sous-sol pour atteindre les 16 MW de chaleur qui vont alimenter le réseau. Chez Engie, nous sommes convaincus que les réseaux de chaleur c’est la solution pour verdir de façon massive la chaleur, qui représente 40 % des besoins d’énergie en France ».
L’Ile-de-France, première région géothermique au monde
A ce titre, l’Ile-de-France est une terre d’expérimentation de choix, puisqu’elle est aujourd’hui « la région géothermique la plus importante du monde », dixit Jérémie Almosni, Directeur Régional Île-de-France de l’ADEME, organisme qui a apporté 6 des 25 millions d’euros investis dans le projet. Outre cette puissance installée, on compte une cinquantaine d’opérations en cours, soit près des trois quarts des projets géothermiques français. « Si on regarde ce que propose le schéma climat air énergie, poursuit le responsable, nous avons un potentiel de 4 TWh sur la géothermie. Or, nous n’en sommes qu’à 1,4 TWh installés, il reste un chemin intéressant à parcourir. Notre objectif d’ici 2030 est de doubler cette capacité ».
Impliquée à hauteur de 3 M€, la région Ile-de-France, représentée par Yann Wehrling, vice président chargé de la transition écologique, du climat et de la biodiversité, ne peut qu’acquiescer et salue l’intérêt de ce montage qui « associe une collectivité territoriale et un grand acteur de l’énergie », pour exploiter le potentiel de la géothermie, « une énergie très intéressante pour l’Ile-de-France ».
Cerise sur le gâteau, la mise en production du projet Véligéo intervient à un moment particulièrement propice pour la promotion de cette énergie, ce qui n’est pas sans réjouir Pascal Thévenot, le maire de Vélizy : « l’effet immédiat de ce projet, que nous n’avions pas imaginé, c’est qu’au moment où le coût de l’énergie explose, la fin de mois de tous les Véliziens va être améliorée rapidement ».