Smartphones, ordinateurs, tablettes … ces équipements numériques peuvent avoir une « seconde vie solidaire » dans des structures et associations à vocation sociale, rappelle Emmaüs Connect. Membre du « Mouvement Emmaüs », cette association lutte contre l'exclusion numérique en équipant et en accompagnant les publics en difficulté sur des compétences numériques avec l’aide de 1400 bénévoles. Elle vient de lancer un « appel aux collectivités » pour qu’elles fassent don de leurs équipements numériques inutilisés via sa plateforme LaCollecte.tech. « Une société du tout-numérique sans réemploi de matériel, c’est une impasse environnementale et sociale. Avec ce nouveau décret, les collectivités peuvent saisir cette opportunité pour accélérer le réemploi solidaire partout en France », a déclaré Marie Cohen-Skalli, co-directrice d’Emmaüs Connect.
Cet appel aux dons n’arrive pas à n’importe quel moment. Il suit la publication, le 7 novembre, d’un décret au journal officiel autorisant les collectivités à donner leur matériel réformé à des associations d’intérêt général. « Les administrations d'État, leurs établissements publics, les collectivités territoriales, leurs établissements publics et leurs groupements peuvent céder gratuitement leurs matériels informatiques à des associations reconnues d'utilité publique ou à des associations reconnues d'intérêt général dont l'objet statutaire est d'équiper, de former et d'accompagner des personnes en situation de précarité », peut-on lire dans son article 1.
De quoi clairement favoriser la réutilisation des équipements informatiques utilisés par les administrations territoriales. Ce décret a lui-même été publié dans le cadre de la loi Réduction de l'Empreinte Environnementale du Numérique (REEN) de décembre 2021, qui impose de nouvelles obligations aux collectivités. Les communes et EPCI de plus de 50 000 habitants doivent notamment promouvoir une stratégie numérique responsable dans les territoires, avec notamment la mise en place d’un programme de travail au plus tard pour le 1er janvier 2023, puis l’élaboration de la stratégie au plus tard pour le 1er janvier 2025.
Effacement des données et reconditionnement
Comment fonctionne la plateforme LaCollecte.tech ? Après un enregistrement en ligne intégrant le descriptif des équipements pouvant être donnés, les équipes informatiques de la collectivité doivent réinitialiser le matériel (retour aux paramètres d’usine) et désinstallez les environnements et logiciels spécifiques, indique Emmaüs Connect. Ensuite l’association prend le relais, en venant collecter les équipements auprès de la collectivité, en signant une convention de transfert de propriété et en effaçant toutes les données via un logiciel certifié par l’ANSSI.
Les équipements sont ensuite mis à disposition « à des prix solidaires » à des « personnes en situation de précarité sociale et numérique » via un réseau de partenaires d’Emmaüs Connect, comptant par exemple les Ateliers Sans Frontières, l’Armée du salut, des centres sociaux et culturels ou encore des associations locales luttant contre la précarité numérique.
« Grâce à ce matériel solidaire, le tarif pour s'équiper baisse en moyenne de 80% pour un ordinateur et de 66% pour un smartphone », indique Emmaüs Connect. « Ce réemploi solidaire, construit autour de filières régionales, a un triple impact : social car au service des publics dans le besoin ; écologique car il limite le recours au matériel neuf très émetteur et pollueur ; économique car il mobilise des structures de reconditionnement qui emploient des salariés en insertion ou en situation de handicap sur chaque territoire », conclut l’association.
Initié dans les Hauts-de-France en 2020, le projet LaCollecte.tech est désormais présent dans 6 régions supplémentaires : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, Île-de-France, Centre-Val de Loire et PACA.