« Au bout de trois ans d’expérimentation, l’expérience accumulée permet à l’opération d’autoconsommation collective de perdurer avec le soutien de la mairie », se réjouit Michel Bourgery, adjoint au maire de l’Ile d’Yeu, « désormais, l’intention est d’accroître la taille de la boucle en y intégrant de nouveaux membres ».
Le projet Harmon’Yeu est né en 2020 de la volonté d’Engie de tester grandeur nature le concept d’autoconsommation collective dans un quartier en zone rurale ou périurbaine. Grâce à l’implication de la mairie (et en particulier celle de son chargé de mission pour la transition énergétique), l’industriel a choisi l’île d’Yeu et ses 5000 habitants dans un triple objectif : vérifier la pertinence économique et la cohérence technologique de l’autoconsommation collective en y incluant les habitants et la collectivité, développer les énergies renouvelables sur l’île et évaluer les économies des foyers sur leur facture d’électricité.
Des économies significatives
Sur les trois années de test, avec 64 panneaux solaires installés sur 5 maisons et une consommation répartie entre 23 foyers du même quartier, le projet a convaincu les différents acteurs participants. L’électricité produite a couvert 19 % des besoins de la communauté énergétique, ce qui a permis de réaliser des économies significatives : 40% en moyenne pour les producteurs, et de 10 et 15 % pour les consommateurs.
À l’issue de la période d’expérimentation, les 5 foyers producteurs d’électricité ont pu racheter à Engie les panneaux solaires installés sur leurs toits. Ils en assurent la gestion depuis le 19 mars. « Engie a désormais quitté le bureau de l’association, mais la mairie est restée au conseil d’administration », explique Antoine Vinet, secrétaire d’Harmon’Yeu, « nous avons toujours 5 producteurs, le nombre de consommateurs s’est un peu réduit mais nous n’aurons pas de difficultés à en trouver de nouveaux ». En effet, plusieurs personnes sont déjà venues se renseigner sur les conditions permettant d’intégrer la communauté énergétique.
La mairie pourrait répliquer le concept
Les statuts d’Harmon’Yeu prévoient son évolution au fil du temps, avec notamment la possibilité de faire entrer et sortir des membres producteurs ou consommateurs, ou encore d’ajouter des services additionnels (des bornes de recharge pour véhicules électriques, par exemple). « Nous devons maintenant trouver le bon équilibre », estime Antoine Vinet, « il faudrait à terme que nous soyons une vingtaine de producteurs pour trois fois plus de consommateurs ».
Un élargissement des membres qui semble nécessaire pour pouvoir honorer les frais inhérents aux opérations de gestion (facturation et collecte de données) qui seront déléguées à un prestataire extérieur (Enogrid a été contacté). En attendant, la mairie devrait accorder une subvention à l’association afin de financer ces obligations. Par ailleurs, cette dernière pourrait aussi mettre à profit sa participation au projet pour lancer d’autres initiatives de ce type.
« Forte de l’expérience acquise, la mairie est aujourd’hui à même de répliquer le concept aussi bien pour des groupes d’habitants intéressés que pour ses besoins propres », conclut Michel Bourgery, « avec la volonté de favoriser sur le territoire la production d’énergie décarbonée et solidaire à un prix qui n’est pas soumis à la volatilité des marchés ».