À l’approche des Jeux Olympiques de Paris, Haropa Port (qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris) et VNF (Voies Navigables de France) viennent de dresser un premier état des lieux de la décarbonation du transport fluvial sur la Seine. En effet, avec leurs partenaires (notamment l’Ademe et la région Île-de-France), les deux entités sont engagées dans ce projet de longue haleine, très important pour les collectivités territoriales situées en bordure du fleuve.
« Il faut distinguer le transport de marchandises et le transport de personnes, les objectifs de décarbonation portent principalement sur la seconde filière », explique Antoine Berbain, directeur général délégué en charge de la multimodalité chez Haropa Port. En effet, les bateaux de marchandises vont rester principalement thermiques dans les prochaines années (même si le premier bateau à hydrogène va être mis à l’eau par le groupe Sogestran dans le courant de l’année). Le sujet de la décarbonation concerne donc principalement le transport de personnes, très majoritairement alimenté par le tourisme.
Tous les bateaux de promenade seront électriques d’ici 2037
« Sur cette activité, Paris est aujourd’hui le premier port du monde, ainsi 9,5 millions de personnes sont montées sur un bateau dans la capitale l’année dernière », poursuit Antoine Berbain, « il existe donc un enjeu très important de baisse de la pollution atmosphérique dans ce secteur et nous avons considéré que la technologie la plus adaptée était le rétrofit ».
Alors que la flotte de 150 bateaux de promenade naviguant sur la Seine était encore intégralement thermique en 2021, une trentaine d’entre eux sont aujourd’hui électriques grâce au rétrofit. Ils seront utilisés pour la cérémonie d’ouverture des JO qui se déroulera sur le fleuve. Pour atteindre ce premier objectif, l’enveloppe du PAMI (Plan d’Aide à la Modernisation et à l’Innovation) a d’ailleurs été rehaussée de 5 millions d’euros par l’État.
Mais cette cérémonie d’ouverture n’est qu’un jalon dans la stratégie d’Haropa Port puisque l’ensemble de la flotte des bateaux de promenade sera électrique en 2037. « Aujourd'hui, le sujet du report modal du transport de marchandises et de la décarbonation du transport touristique font pleinement partie des objectifs que se fixent les collectivités », souligne Antoine Berbain, « nous le mettons d’ailleurs en avant dans le cadre des COP régionales ».
132 bornes de recharge sur l’axe Seine d’ici 2026
Parallèlement, l’électrification des quais est également en cours dans les ports du bassin de la Seine. « Nous sommes en train de développer un réseau de bornes de recharge », indique Antoine Berbain, « 44 sont déjà installées, et il y en aura 82 de plus d’ici la fin de l’année ». Dans Paris, certaines escales de transport de passagers sont déjà équipées, comme celle du port de Grenelle qui accueille trois bornes. De même les bateaux de croisière avec hébergement dans Paris sont d’ores et déjà raccordés à quai au réseau électrique.
À l’horizon 2026, l’objectif est d’atteindre 132 bornes à quai sur l’axe Seine, pour répondre aux besoins de tous les usagers. « Cet équipement important va aussi permettre aux bateaux de fret de couper leurs moteurs de bord lorsqu’ils sont à quai en se connectant au réseau électrique », souligne Antoine Berbain, « les escales de tous les bateaux pourront donc se faire à zéro émission ».
