Avec un retard de deux ans par rapport au plan initial, pour cause de Covid, la métropole de Dijon a inauguré le 24 juin dernier sa première station de production et de distribution d’hydrogène vert, qui servira, dès 2024, à l’avitaillement des quatre bennes à ordures ménagères (BOM) à hydrogène commandées par la métropole dès 2022.
Marie Guite Dufay et François Rebsamen font le plein |
Avec une capacité de production de 430 kg d’hydrogène vert par jour, cette station pourra répondre quotidiennement aux besoins d’une vingtaine de véhicules lourds. Pour cela, la station compte avec trois pompes délivrant une pression de sortie de 350 bars (celle des bennes à ordures ménagères et bus de la métropole) et d’une pompe à 700 bars pour les véhicules légers. A elle seule, cette station Nord permettra de réduire de 1200 tonnes par an les émissions de CO2, soit l’équivalent de 10 millions de kilomètres en voiture.
Le site est opéré par Dijon Métropole Smart Energhy, une coentreprise (SAS) de droit privé qui a pour associés Engie Solutions Hydrogène (40,55 %), IntHY (25,22 %), Dijon Métropole (24,23 %) et ADEME investissement (10 %).
Un projet à 100 M€
« Cette station Nord fait partie d'un des projets les plus ambitieux de France, avec un montant total d’investissement de 100 millions d'euros, explique François Rebsamen, maire du Dijon et président de la métropole, dont 30 millions d'euros pour les deux stations et 70 millions d'euros pour les acquisitions de bus et de bennes à ordures ménagères ». En 2035, la totalité de la flotte de bus et 73 % des bennes circulera à l’énergie décarbonée, avec des véhicules hydrogène et électriques.
Les subventions accordées au projet représentent 24 millions d’euros, dont 11,6 M€ d’euros pour l’ADEME, 9 M€ pour l’Union Européenne, et 2,6 M€ pour la région Bourgogne Franche Comté. Le dispositif de financement s’accompagne d’un prêt de 7 M€ de la Banque des Territoires (pour les stations) et d’un autre de 5 M€ de Banque européenne d’investissement (pour l’achat des bus).
Pour le moment, cette station produit de l’hydrogène « vert » par électrolyse. L’électricité utilisée à cette fin est garantie « verte » par des certificats d’origine. Mais, à terme, la station Nord devrait profiter de l’énergie de récupération produite par l’UVE (unité de valorisation énergétique) qui se trouve de l’autre côté de la route.
Vers un avenir 100 % EnR
A terme, l'UVE de Dijon métropole pourra couvrir l'intégralité des besoins en énergie renouvelable de la station Nord |
Initialement conçue en 1974 comme un simple incinérateur, cette unité de grande capacité - gérée en régie -, traite 92 % des déchets du département de la Côte d’Or (voire, ponctuellement, de territoires plus lointains). « Ce site historique est à l’origine de tout ce qu’on a mis en place en matière de déchets et d’énergie », explique Jean-Patrick Masson, vice-président de la métropole de Dijon en charge notamment de la transition écologique, des déchets et des énergies renouvelables
L’installation a en effet évolué avec le temps pour suivre l’évolution de la réglementation, l’évolution des déchets et les besoins de la métropole. Ainsi, l’incinérateur s’est mis à produire de l’énergie grâce au déploiement d’un turbo alternateur. Puis, quelques années plus tard, elle a récupéré la chaleur fatale de l’incinération pour alimenter à travers un réseau de chaleur quelque 55 000 logements.
Une Station Sud en 2026
« A partir de 2010, nous avons développé d’autres choses, comme l’autoconsommation individuelle et collective, complète Jean-Patrick Masson, l’hydrogène s’inscrit dans cette évolution, celle de l’énergie en circuit court ».
« Nous produisons 37 GWatt annuels, ajoute Damien de Malliard, directeur du site, c’est trois fois la consommation annuelle du tram de Dijon. Sur cette production 10 GWatt sont utilisés en interne pour le fonctionnement du site ». Autrement dit, la production de l’UVE peut couvrir l’ensemble des besoins de la station Nord, en énergie renouvelable et en circuit court.
En 2026, une deuxième station de production et distribution d’hydrogène, d’une capacité d’une tonne par jour, sera mise en service au sud de la métropole, à côté du site de maintenance de bus et de tramways André Gervais. Fort logiquement, cette station Sud alimentera essentiellement les bus à hydrogène de la métropole. A l’horizon 2035, la métropole devrait totaliser 22 bennes à ordures ménagères et 55 à 60 bus à hydrogène. Les émissions de CO2 évitées atteindront alors les 4000 tonnes par an.