« La qualité des routes s’est nettement dégradée en France ces dernières années, notamment depuis 2012 », explique Arnaud Le Régent, directeur commercial pour la France de Cyclomedia, éditeur spécialisé dans la visualisation immersive de l’environnement urbain, « en effet, dans de nombreux cas, les collectivités territoriales ne disposent pas des moyens nécessaires pour investir dans l’infrastructure routière et réaliser des interventions préventives ».
Il faut savoir que le réseau routier français est l’un des plus longs et denses d’Europe (avec plus de 1 million de kilomètres). Mais, entre 2012 et 2019, la France a chuté de la 1ère à la 18ème place du classement « qualité des infrastructures routières » du Forum Economique Mondial, loin derrière des pays comme les Pays Bas ou la Suisse.
Le dernier observatoire national de la route publié en 2023 souligne que près de 20% des routes nationales et environ 10% des routes départementales et communales restent en « mauvais état », avec une qualité variable en fonction des territoires. Du reste, dès 2022, la Cour des comptes avait alerté sur le sujet en pointant également l’état des routes départementales et nationales, et en publiant une liste de recommandations.
Automatiser la détection des dégradations de la chaussée
Dans le contexte de décentralisation progressive du réseau routier (renforcée par la loi 3DS), de plus en plus de collectivités éprouvent en effet des difficultés à exercer leur compétence, très coûteuse, sur l’entretien des routes. « À l’heure actuelle, les collectivités procèdent encore le plus souvent par des inspections visuelles, mais les remontées d’information restent dépendantes de l’interprétation humaine », poursuit Arnaud Le Régent. De plus, il s’agit d’un mode opératoire très chronophage qui nécessite des déplacements réguliers sur le terrain.
Ainsi, l'automatisation de la détection des dégradations (fissures, nids-de-poule…) peut constituer une aide significative dans le diagnostic de l’état des chaussées et la programmation de la maintenance. Plusieurs acteurs sont positionnés sur ce segment de marché, comme Geoptis par exemple, ou encore Cyclomedia qui lance donc en France sa solution Road Surface Analysis.
Des données utiles à plus d’un titre
« Nous disposons d’une flotte de 80 véhicules (thermiques, hybrides et électriques), équipés de caméras et de lidar installés sur le toit », explique Arnaud le Régent, « nous faisons des campagnes d’acquisition de données à la demande et les proposons en vues immersives à 360° sur un flux web ». Ainsi, au-delà des informations sur l’état des routes, les données remontées peuvent être exploitées pour divers autres usages, notamment pour suivre l’état des équipements et des aménagements situés à proximité des voies routières (signalisations verticales et horizontales, arbres, mobilier urbain, bornes, potelets, barrières, corbeilles, bancs, terrasses, pistes cyclables…).
« Divers algorithmes permettent de détecter ces différentes typologies d’équipements à partir d’une seule source de données », poursuit Arnaud Le Régent, « surtout, les datas sont géoréférencées et peuvent être exploitées dans le SI des collectivités, et notamment par l’outil de GMAO ». Elles peuvent donc être utiles à plusieurs services, la voirie bien sûr, mais aussi l'urbanisme, les espaces verts ou encore l’éclairage public. Toujours dans l’objectif de réaliser des inventaires, de faire des diagnostics et d’établir des plans d’action.