Selon le dernier Observatoire national de la route, publié fin 2023, près de 20% des routes nationales et environ 10 % des routes départementales et communales sont en mauvais état. Face à cette situation, les collectivités recherchent des solutions leur permettant d’intervenir plus efficacement sur leur voirie, sans augmenter le budget dédié. La ville d’Alençon (26000 habitants) a opté pour un dispositif d’analyse de l’état de ses routes grâce à l’IA, et commence à en retirer les premiers fruits.
« En France, nous avons laissé les routes se dégrader pour des raisons principalement budgétaires, la réduction des moyens financiers et humains des collectivités rendant difficile la réalisation d’états des lieux réguliers », explique Thierry Aubry, technicien adjoint au responsable du service voirie, « de plus, nous avons également dû faire face à la hausse des prix des produits bitumineux, ce qui a mécaniquement augmenté le coût des réparations ».
Dans ce contexte, la solution basée sur l’IA (fournie par Vialytics) permet à Alençon d’automatiser les remontées d’informations terrain et, par conséquent, de faciliter la gestion de sa voirie. « Nous effectuons des patrouilles sur les voies communales et intercommunales avec un véhicule équipé d’un smartphone, fixé sur le pare-brise, qui prend des photos tous les 5 mètres », détaille Thierry Aubry, « nous transmettons ensuite les données à la plateforme Vialytics ». Dotée d’un algorithme d’IA, cette dernière identifie les éventuelles dégradations (fissures, nids de poule, déformations…). Ces précieuses informations ont permis à la commune de chiffrer précisément les travaux nécessaires et d’établir un premier programme de réfection de la chaussée doté d’un budget de 4 M€ sur 2 ans.
380 tâches créées sur la plateforme
« Nous commençons à observer l’amélioration de nos routes », se réjouit Thierry Aubry, « désormais nous allons également pouvoir utiliser d’autres données remontées du terrain ». En effet, l’analyse des images prises par le smartphone donne accès à de nombreuses autres informations. Pour l’heure, seules les données liées à la chaussée sont exploitées, mais la commune va pouvoir prochainement traiter celles liées à l’état des trottoirs. Par ailleurs, de nombreuses informations complémentaires sont accessibles, notamment pour permettre une meilleure gestion des panneaux de signalisation, des plaques d’égout, des regards, ou tout simplement pour faire l’inventaire de ce type d’équipements.
« À chaque anomalie détectée, nous localisons le problème, nous le catégorisons et nous créons une tâche afin de programmer une intervention », souligne Thierry Aubry, « par exemple, nous pouvons créer une tâche pour une grille à nettoyer, un passage piéton effacé, une bordure cassée ou même un autocollant collé sur un panneau de signalisation ». En un an, 380 tâches ont été créées sur la plateforme par la ville d’Alençon, ce qui donne une idée du palier franchi par la ville en matière de gestion de sa voirie. Prochaine étape : la programmation du remplacement des éléments de signalisation verticale.