C’est au sein de l’Académie du Climat, au cœur de Paris, que le président de l’Université Gustave Eiffel a dressé le 12 septembre dernier un point sur l’année à venir. L’axe fort de l’école, dont la spécialité concerne la mobilité, concernera pour 2024-2025 la décarbonation du transport de marchandises. « 2025 constitue une année charnière. Dans un contexte budgétaire en déficit et alors que doivent se tenir les élections des membres du conseil, nous voulons que l’école s’affirme dans son appui aux politiques publiques et dans le dialogue avec les collectivités », a soutenu Gilles Roussel, président de l'Université en conférence de presse.
Au premier trimestre de l’année 2024-2025, l’Université finalise ainsi une étude avec le Cerema sur trois modes de recharge de poids lourds sur autoroutes, pour les comparer et conseiller l’action publique. Avec Vinci Autoroutes dans le cadre du projet Cayd (charge as you drive), l’Université teste sur son site d’essais Transpolis, à proximité de Lyon, la recharge de ces véhicules par des systèmes de catenaires intégrés directement dans les chaussées bitumineuses. Deuxième solution analysée par le projet eRoadMontBlanc, la recharge par rail conductif au sol, avec la société Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) et Alstom. Enfin, troisième option étudiée encore en cours de définition, la recharge par induction.
Des démonstrateurs doivent se dérouler sur l’A35 pour du fret et sur l’A10 en région parisienne. L’objectif : déterminer les meilleures solutions pour chaque territoire pour le transport de marchandises. « Le but est de recharger les poids lourds en roulant, pour ne plus perdre le temps de la recharge. Mais cela pose de nombreuses questions liées à l’infrastructure, au coût et au modèle économique, aux conséquences si un automobiliste freine sur les rails, etc. », confie Corinne Blanquart, première vice-présidente de l'Université. « Nous organiserons un événement en décembre pour faire la synthèse de notre étude et partager un benchmark européen », ajoute Gilles Roussel.
Améliorer le transport de marchandises en changeant les habitudes
En 2025, les recherches se feront par deux PEPR (programmes et équipements prioritaires de recherche) avec des entreprises sélectionnées dans un appel à projets. L’un sur les villes durables et innovantes (le PEPR VDBI), le second sur la décarbonation et la digitalisation des transports par la modification des comportements (le PEPR Mobidec). « Pour changer les habitudes de transport, il faut les comprendre. Nous allons donc aborder l’aspect psychologique, géographique, etc. La particularité de notre Université sera d’aborder les sujets sous un prisme multiple », détaille Corinne Blanquart. Les étudiants et chercheurs de l’Université créeront, dans le cadre de ce programme d’une durée de huit ans, un centre opérationnel sur la connaissance des mobilités afin d’expliquer, pour chaque territoire, ce qui explique le choix de transport. Là encore, l’Université axera ses recherches sur le transport de marchandises, notamment en ville.
Ce thème de la décarbonation des transports de marchandises sera également traité par le programme national deeptech Sci-Ty et par le hackathon annuel de l’école. « Il n’y a pas assez de données sur transport de marchandises. Les collectivités considéraient jusqu’à présent que cela relevait des entreprises. Or, il a un réel impact sur le territoire », soutient Corinne Blanquart. La mobilité reste à ses yeux plus que jamais une priorité des collectivités. Pour preuve, des métropoles comme celle d’Amiens organisent des événements de sensibilisation pour la semaine européenne de la mobilité, qui s’ouvre ce lundi 16 septembre.
Lire également notre dossier « Bornes de recharge : les solutions les mieux adaptées à chaque type de territoire » à paraître en novembre dans Smart City Mag N°63.