La région Auvergne-Rhône-Alpes a organisé sa conférence des parties (COP) vendredi 20 septembre. Rappelons que ces événements régionaux visent à définir les leviers d’actions permettant d’atteindre les objectifs nationaux de réductions de gaz à effet de serre et de protection de la biodiversité. A cette occasion, la Fedene (fédération représentative de la décarbonation de la chaleur qui regroupe 1 500 entreprises adhérentes) a présenté son étude sur le potentiel d’économies d’énergie et de développement énergétique d’ici 2030, menée avec le Club Chaleur sur chaque territoire.
Ses calculs lui permettent de mesurer que la région, qui consomme 91 TWh/an en chaleur, pourrait réduire sa consommation de 10 TWh/an en faisant des économies d’énergie, par des pratiques de sobriété et d’efficacité énergétique. La région, qui avait annoncé en décembre 2023 devenir la première région durable de France, se distingue en outre par ses opportunités de renouvelables pour couvrir ses besoins en chaleur, estime l’étude.
Miser sur la chaleur fatale
Le premier gisement à exploiter selon la Fedene concerne la chaleur fatale. « L’Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région française qui consomme le plus de chaleur. Elle peut utiliser les unités de valorisation énergétique des déchets (UVE) pour décarboner son usage », déclare Marion Lettry, déléguée générale de la Fedene. A l’échelle nationale, l’Ademe estime que seuls 15,5% du gisement de chaleur fatale a été valorisée en 2021. Les auteurs de l’étude certifient que la région peut doubler le nombre de ses réseaux de chaleur, pour passer de 200 à 400 installations.
Ce qui permettrait de raccorder plus de logements aujourd’hui chauffés aux énergies fossiles et de doubler l’énergie de chaleur fatale récupérée, pour passer de 1,4 TWh récupéré en 2022 à 2,9 voire 3,3 TWh en 2030. « On parle peu de la chaleur alors qu’elle représente 45% de la consommation d’énergie, principalement dans le chauffage, contre 20% pour l’électricité », déplore Pierre de Montlivault, ancien président de la Fedene, qui a rejoint Dalkia mi-septembre.
Le solaire pour réduire les émissions de CO2
Le solaire thermique représente une deuxième source majeure d’énergie renouvelable à exploiter en Auvergne-Rhône-Alpes. Selon l’étude, la région peut produire plus de chaleur par solaire thermique que ses 0,24 TWh en 2022, ce qui permettrait de réduire les émissions de CO2 de plus de 2,3 millions de tonnes. La région avait mis en place un plan solaire régional en 2020, complété par un pack énergie et solarisation en 2022.
Enfin, le bois constitue un apport important en Auvergne-Rhône-Alpes, première région de France pour sa forêt, en volume sur pied. Juste derrière la région Grand-Est, qui a produit 12,7 TWh de chaleur par bois en 2022, la région Auvergne-Rhône-Alpes en a produit 9,6 TWh. La Fedene l’encourage à exploiter tout le potentiel de la filière pour contribuer à l’objectif national, qui prévoit de passer de 7,7 millions d’appareils de chauffage au bois domestique à 10,7 millions en 2035. D’autant que la région est celle en France qui détient le plus de chaufferies bois, avec quelque 2 086 installations.
La Fedene rappelle également à la région Auvergne-Rhône-Alpes, considérée comme un berceau de la papeterie, que les liqueurs noires de papeterie peuvent être valorisées pour produire de la chaleur. « Cette valorisation représente 6,5 TWh de chaleur par an dans le secteur de l’industrie », souligne-t-on dans l’étude.
Reste à savoir comment ces recommandations vont orienter la politique de la Région. Thierry Kovacs, vice-président de la Région délégué à l'environnement et à l'écologie positive, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Lire également notre article « Les COP régionales : quels objectifs et quelles modalités ? » publié en mars 2024 dans Smart City Mag N°59.