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Eau : l’UIE déplore un système à bout de souffle

Eau

La fédération des industries et entreprises de l’eau avance trois propositions pour moderniser le réseau français. Et le Plan eau du gouvernement, lancé en mars 2023, reste insuffisant pour les membres de l’organisation.

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Pour fêter ses 100 ans, l’Union des industries et entreprises de l’eau (UIE) a organisé, jeudi 17 octobre dernier, un événement intitulé "construire l’avenir de l’eau". Une occasion pour ses membres de tirer la sonnette d’alarme. « Le système de l’eau en France est à bout de souffle alors que le secteur va devoir répondre à quatre enjeux de taille : préserver la ressource en eau, qui, malgré les pluies de cet automne, est menacée par la sécheresse en été ; garantir la qualité de l’eau potable face à des menaces comme les polluants Pfas (" Per and PolyFluorinated Alkyl Substances ", composés chimiques de synthèse, NDLR) ; préserver les milieux naturels et décarboner les infrastructures », a énuméré Christophe Dingreville, président de l’UIE, lors d’une conférence de presse en amont de l’événement aux côtés de plusieurs membres. 

 

Pour ce dernier, la priorité est de reconstruire le réseau d’eau français pour assurer son avenir. Un message également prôné quelques jours plus tôt par les Canalisateurs du Sud-Est, lors de leur conférence de presse annuelle. Le patrimoine de l’eau est important en France. Il comprend plus d’un million de kilomètres de canalisations, 17 000 châteaux d’eau ou encore 12 000 stations d’épuration. Or, son entretien fait face à un déficit d’investissement que l’UIE évalue à 4,6 milliards d’euros. Un chiffre qui s’inscrit dans la lignée de celui partagé par l’association Water Europe, pour qui un investissement sur le continent de 255 milliards d'euros est nécessaire d'ici 2030 pour préserver l'économie et l'environnement de l'Europe.

 

Ce manque d’investissement est responsable selon l’UIE des nombreuses fuites d’eau dans le réseau. « Il n’y a pas assez de mesures sur le réseau. Mon conseil aux collectivités est de prendre le pouls de leur réseau, par exemple avec de l’IoT », a recommandé Christophe Dingreville. Un avis partagé par Philippe Carrio, président du syndicat national des entreprises du traitement de l'eau Synteau : « Il existe certes de nombreuses solutions de capteurs connectés sur le marché mais dans les faits, le réseau d’eau intelligent n’existe pas en France. Son renouvellement fait état d’un encéphalogramme plat. »


Des Etats généraux pour pallier les manquements du Plan eau

Le Plan eau du Gouvernement, un plan de 53 mesures en faveur de la ressource en eau lancé en mars 2023, reste insuffisant aux yeux des membres de l’UIE. « Il n’a pas eu d’impact dans le secteur. La preuve : le chiffre d’affaires des canalisateurs est en baisse en 2024. La réglementation est tellement contraignante que les projets en faveur de l’utilisation des eaux de pluie par exemple, sur le terrain, on ne les voit pas se concrétiser. Et sur les 175 points noirs du réseau enregistrant plus de 50% de fuites d’eau, seuls 93 ont été traités », a regretté Christophe Dingreville.


Face à cette situation, l’UIE avance trois propositions. La première concerne l’organisation d’Etats généraux afin d’augmenter la tarification de l’eau et de créer un Fonds bleu. « Les factures des usagers ne règlent que 1% du coût de traitement de l’eau. Il faut sortir du tabou sur le prix de l’eau et revoir le modèle », a souligné Thomas Contentin, président des Industriels français de l'eau de pluie (IFEP). L’UIE pointe l’exemple espagnol, dont le gouvernement alimente un fonds de 12 milliards d’euros jusqu’en 2027. « Madrid renouvelle entièrement son réseau », a mis en avant Arnaud Treguer, président d’ITEA.


La deuxième est de faciliter les pratiques nouvelles. « A l’IFEP, nous souhaitons que toute nouvelle construction soit équipée d’un système de récupération d’eau de pluie. Nous considérons qu’adapter le bâti à ces nouveaux usages devrait être obligatoire », a soutenu Thomas Contentin. La réutilisation des eaux usées traitées (dit "REUT") est encore peu exploitée en France. Seulement 1% des eaux usées épurées traitées sont réutilisées dans l’Hexagone.


La troisième proposition porte quant à elle sur la réindustrialisation de la filière et la promotion des métiers de l’eau. « La Suisse est en train de se spécialiser dans le traitement des micropolluants. Le problème en France, dans l’eau comme dans d’autres secteurs, reste le manque de compétences », a regretté Philippe Carrio. Et Christophe Dingreville de conclure : « Notre chance, c’est que l’eau est un métier qui a du sens, un argument qui pèse de plus en plus dans la recherche d’emploi. »


Sur le même sujet, retrouvez notre dossier : « Comment optimiser la gestion de l’eau grâce à la donnée ? » dans SCM N°58.

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