Réduire sa production de déchets est devenu indispensable. Mais qu’est-ce qui pousse un habitant à s’investir dans ce combat ? Comment savoir si sa production de déchets est excessive ? Comment suivre ses efforts d’une année sur l’autre ? La métropole de Lorient a décidé de travailler sur ces questions avec ses administrés. Son objectif est de définir les indicateurs les plus pertinents aux yeux des citoyens et ajuster sa politique de gestion des déchets avec des actions de sensibilisation ciblées.
Pour cela, la métropole de Lorient mène deux projets en parallèle. L’un porte sur la création de tableaux de bord de visualisation de la donnée : les services Informatique et Prévention et valorisation des déchets travaillent conjointement pour représenter, via les outils numériques, la production de déchets par foyer. Dans le même temps, cette donnée de production est restituée aux habitants volontaires pour participer à une étude comportementale, conduite par le laboratoire Lego de l’Université de Bretagne Sud dans le cadre d’une thèse.
Cette étude devra déterminer si les indicateurs de la métropole, et lesquels en particulier, ont un impact sur le comportement des citoyens. « Nous voulons savoir comment les habitants s’approprient cette donnée et comment celle-ci fait évoluer leurs habitudes et leurs gestes de tri. Car aujourd’hui, on communique beaucoup sur la production de déchets par foyer par année mais on se pose des questions sur la valeur de cette donnée, si elle est vraiment utile », précise Franck Guegano, directeur du service de Prévention et valorisation des déchets, qui veut partager une donnée ayant du sens pour agir en faveur de la réduction des déchets, et non pas appliquer une tarification incitative.
Trois ans d’étude à venir
« Dire à un habitant qu’il produit 570 kilogrammes de déchets par an n’est pas, à mon avis, le bon ratio pour l’inciter à réduire ses déchets. Il faut envisager une manière différente de communiquer », estime pour sa part Jérémie Gachelin, responsable Innovation, données et usages. Le travail de thèse a débuté en début d’année par une série d’entretiens lors des tournées des agents pour connaître les habitudes actuelles. L’étude sera poursuivie pendant trois ans auprès de foyers volontaires avec des questionnaires afin de suivre l’évolution des habitudes de tri.
La métropole de Lorient peut mettre au point ces différents indicateurs grâce à sa politique de gestion intelligente des déchets menée depuis plusieurs années. Les déchetteries ont été connectées fin 2021 pour aider les agents de la métropole à comprendre les zones les plus utilisées. Ce sont désormais les 676 points d’apport volontaire destinés au verre des 25 communes qui vont être connectés par IoT dans le cadre du projet Celtic (découvrir le projet en détail dans SCM n°61), et ce afin d’optimiser les tournées des camions de collecte. Ce projet fait partie des lauréats de l’appel à projet de la Banque des Territoires DIAT. « Nous avons trois ans pour conduire cette expérimentation. Nous allons d’abord tester deux solutions de mesure de remplissage avant de réfléchir à l’apport de l’IA », annonce Jérémie Gachelin. La métropole de Lorient consacrera ainsi ces prochaines années à rendre sa gestion des déchets toujours plus intelligente.
Sur le même sujet, retrouvez notre dossier (à paraitre) : «Gestion des déchets : les outils et les services numériques qui permettent de mieux faire » dans SCM N°63.