Décarbonation, amélioration de la qualité de l’air, santé publique… Les collectivités territoriales doivent verdir leur flotte de véhicules pour répondre à différents besoins. Transformer une flotte de véhicules n’est cependant pas si simple et les élus se posent de nombreuses questions sur le meilleur carburant alternatif à adopter en fonction de leur situation. Pour favoriser les partages d’expérience, la centrale d’achat Ugap a organisé au Village by CA de Reims un événement, "Territoires et Mobilités", mettant en avant le retour d’expérience de territoires dans le Grand Est. « Il doit y avoir une acculturation des élus et des transporteurs sur les carburants alternatifs car il y a encore beaucoup de préjugés et de méconnaissances sur le sujet », a affirmé Lionel Pommier, animateur régional de Climaxion, programme de la région Grand Est et de l'Ademe pour la transition énergétique.
L’hydrogène à Metz
Sur la métropole de Metz, plus de 66% des déplacements sont effectués par des véhicules non décarbonés. « Il y a plus de 152 000 déplacements sur l’Eurométropole, ce sont 65 millions de kilomètres parcourus », a décrit Béatrice Agamennone, vice-présidente de l’Eurométropole. Le territoire a alors fait le choix de l’hydrogène vert pour transformer sa logistique urbaine.
Une nouvelle ligne de bus et ses bennes à ordures ménagères y ont été converties. « L’hydrogène se positionne là où la batterie ne peut plus répondre, par exemple pour des bus de plus de 24 mètres de long qui roulent beaucoup », a affirmé Jacques Haenn, chargé de mission de la filière hydrogène dans le Grand Est. Les résultats de cette transition seront mis en corrélation avec les données des capteurs de qualité de l’air dans la ZFE.
La méthanisation dans les Ardennes
Dans les Ardennes, où la méthanisation s’est fortement développée, la Régie des Transports des Ardennes a opté en 2018 pour le gaz naturel (GNV) pour assurer le transport scolaire du département des Ardennes, les lignes régulières et le transport à la demande. L’ambition est de valoriser l’énergie produite localement. Une quarantaine de ses 120 véhicules, qui effectuent trois millions de kilomètres par an, roulent actuellement grâce à ce carburant. Leur nombre évolue au rythme des renouvellements et la Régie a installé une station de recharge dotée de quatre bornes sur le site de son siège à Prix-lès-Mézières.
« Le gaz est le plus pertinent sur notre territoire mais il faut se méfier de l’envolée de son prix. Nous sommes passés de 40 euros le mégawatt acheté auprès de l’Ugap en septembre 2021 à 97 euros aujourd’hui », a témoigné Pascale Gaillot, présidente de la Régie et conseillère régionale, qui réfléchit ainsi au rétrofit de trois véhicules vers l’électrique pour une expérimentation.
Le HVO dans la Meuse
Les biocarburants d'origine renouvelable fabriqués à partir d'huiles végétales (Oléo100, B100, HVO), sont également expérimentés dans le Grand Est. La Meuse a été le premier département à opter en 2019 pour le HVO comme alternative au carburant de ses 310 véhicules, dont 45% sont des véhicules lourds au diesel, tels que les tracteurs qui réalisent le fauchage le long des routes. L’objectif est de réduire de 35% ses émissions d’ici à 2030, soit 6 000 tonnes de CO2 en moins chaque année.
« L’avantage du HVO, c’est qu’il n’y a pas besoin de changer la flotte ou d’ajouter un équipement sur les véhicules. Dans un contexte de difficultés financières, ce n’est pas négligeable. Le surcoût par rapport au diesel est seulement de 30 centimes du litre. Et à moins de la moitié du calendrier, en 2024, nous avons réduit nos émissions de 10% », s’est réjouit Jérôme Dumont, président du conseil départemental de la Meuse, qui espère faire du département un « territoire exemplaire et innovant sur le développement durable et la décarbonation ».