Les Bordelais ne s’en sont peut-être pas rendu compte, mais des ardoises solaires ont été intégrées à la toiture de la mairie du quartier de Caudéran, à l’ouest de la commune. Le cahier des charges stipulait la mise en place d’une solution qui permette de conserver l’identité architecturale du quartier. « La priorité de la Ville était de conserver l’esthétique de cette bâtisse du XIXᵉ siècle », confirme Anne-Marie Pimpin, responsable du service Maîtrise d’Ouvrage de la direction de l’immobilier de Bordeaux Métropole. D’un besoin de renouvellement de la toiture, ce projet est en passe de devenir un point fort de l’autoconsommation collective (ACC) dans le quartier de Caudéran.
Point de départ de cette initiative : l’infiltration régulière d’eau qui endommageait les plafonds et les archives de la ville stockées dans les combles, à cause d’une mauvaise étanchéité de la toiture. Un diagnostic a été mené en 2018 et son résultat était sans appel : l’entièreté de la toiture en ardoise était à renouveler. « Le changement de municipalité (le maire écologiste Pierre Hurmic a été élu aux municipales de 2020, ndlr) et le besoin de réaliser des économies d’énergie ont conduit à l’étude de solutions photovoltaïques », raconte Anne-Marie Pimpin, rappelant que Bordeaux bénéficie de quelque 2 100 heures d’ensoleillement annuel. Le service Maîtrise d’Ouvrage de Bordeaux Métropole a réalisé une étude de faisabilité, la mairie de Caudéran étant située à proximité de l’église paroissiale de Saint-Amanad, classée monument historique.
24 900 Wc d’électricité produite
Plusieurs possibilités d’accroche de panneaux photovoltaïques ont été étudiées mais la Ville tenait à ce que la solution s’intègre dans la toiture pour ne pas dénaturer le bâtiment. Les travaux ont été menés par l’entreprise de charpente couverture Secb, qui a répondu à l’ensemble du cahier des charges. Ses équipes ont installé 332 ardoises solaires de la marque Edilians sur plus de 70% de la toiture, d’une surface de 637 mètres carrés. Livrée en mai 2024, la nouvelle toiture doit délivrer 24 900 Wc d’énergie, chaque ardoise solaire ayant une puissance de 75 Wc. « Nous attendons qu’Enedis active notre point de comptage pour pouvoir échanger et revendre l’électricité sur le réseau », précise Anne-Marie Pimpin, qui espère que la convention sera effective avant la fin de l’année.
Quand la toiture photovoltaïque sera pleinement opérationnelle, la mairie de Caudéran se retrouvera au cœur d’un projet d’autoconsommation collective. « L’installation doit couvrir les consommations d’électricité de la mairie et de l’école attenante. À terme, d’autres bâtiments seront intégrés au projet d’ACC », précise Anne-Marie Pimpin. L’autoconsommation d’énergie et la revente d’électricité permettront d’amortir le surcoût du solaire. « Les travaux de renouvellement initiaux s’élevaient à 600 000 euros, avec les ardoises solaires le coût s’est élevé à 900 000 euros mais les EnR rendront le projet abordable », soutient Anne-Marie Pimpin, qui se réjouit du rendu de l’intégration des ardoises solaires. L’objectif de la ville de Bordeaux est d’installer 60 000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques sur les sites municipaux d’ici 2026 pour atteindre, à cette date, 41% d’autonomie énergétique.
Lire aussi notre article "Autoconsommation collective : comment les collectivités peuvent se lancer ?" dans SCM n°53.