En 2021, la Ville d’Échirolles rédigeait son schéma directeur du numérique, incluant un large volet dédié à la souveraineté. Baptisé "Échirolles Numérique Libre", ce texte prévoyait un hébergement des données et des applications en interne, sur du cloud français ou européen, ou sur le data center souverain du SITPI (Syndicat intercommunal pour les télécommunications et les prestations informatiques). Il prévoyait également une migration vers des solutions libres d’un maximum d’applications du SI, de l’infrastructure aux postes de travail.
Trois ans après, la quasi-totalité des données et des applications sont hébergées sur des infrastructures souveraines, à part quelques applications métier en SaaS (ex : logiciel de marché public). Même le site internet de la ville a été " réinternalisé " (il était auparavant chez OVH). L’annuaire est désormais Samba AD et non plus Microsoft Active Directory.
Sur le poste de travail, quasiment tous les applicatifs sont désormais des logiciels libres, dont la suite bureautique (Libre Office) ou le navigateur (Firefox). Et depuis 2024 : même Microsoft Windows est en train d’être remplacé par Zorin OS. « Notre principe est simple : nous passons tout ce que nous pouvons en équivalent libre. Il y a quelques exceptions, comme le logiciel de gestion financière qui n’a pas d’équivalent. Mais nous avons poussé la démarche au maximum », confie Nicolas Vivant, Directeur de la stratégie et de la culture numériques.
Pourquoi cette démarche de souveraineté numérique ? « Elle répond à trois enjeux principaux : une bonne gestion des données personnelles (notamment pour être conforme au RGPD et aux lois européennes), un haut niveau de sécurité du SI (protection des données et de l’infrastructure), une maîtrise des coûts de fonctionnement (en évitant l’enfermement propriétaire et en investissant dans les compétences) », poursuit Nicolas Vivant.
Un niveau de compétences IT élevé
Pour réaliser cette migration vers des logiciels libres, la Ville d’Échirolles a développé un niveau de compétence élevé en développement informatique et en connaissance des logiciels open source. « Notre DSI ne compte qu’une dizaine de personnes, mais avec un haut niveau de compétences. Nous avons donc travaillé avec les ressources humaines pour embaucher des informaticiens avec de solides compétences en logiciel libre et en numérique au sens large.»
Dernier projet en date : migrer en 2025 les logiciels des visiophones des crèches et écoles (basés sur des logiciels open source) sur les serveurs de la ville. « Cela n’a jamais été fait. Les données des visiophones resteront ainsi sur une infrastructure que nous contrôlons. Notre démarche se poursuit ainsi sur les équipements externes du SI ».
Ce retour d’expérience est extrait du dossier "Logiciels, hébergement, équipements … Jusqu’où peut-on pousser l’exercice du numérique souverain ? " à paraître en décembre dans SCM N°64.