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[Ateliers du Smart Cities Tour] Val de Loire Numérique : comment mener à bien des projets connectés en territoires ruraux ?

Ruralité

De l’expérimentation au passage à l’échelle, les bonnes pratiques pour réussir un projet connecté en milieu rural étaient au cœur de la troisième étape 2024 des Ateliers du Smart Cities Tour. Toujours coorganisé par Smart City Mag, la FNCCR et Infranum, en partenariat avec la Banque des Territoires, cet évènement s’est tenu le 3 décembre dernier à Blois, avec Val de Loire Numérique. Une journée d’échanges, de débats et de retours d’expériences, où les participants ont également travaillé sur la construction fictive de projets connectés. L’occasion d’appréhender les étapes incontournables pour mener à bien ce type de projet.


Crédits Photo : 4.1 Production

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Rachid Meress, Maire-adjoint de Blois, conseiller délégué à la ville numérique

« Blois et son agglomération ont déjà fait usage de technologies 4.0, par exemple dans le domaine de l’eau, avec les compteurs connectés, ou dans celui de l’énergie, avec des capteurs connectés sur notre réseau (…) Conclusion : la coopération entre les différents acteurs est indispensable. (…) Nous devons faire mieux et plus dans la mutualisation ».

 

 

 

Sylvie Giner, Présidente du syndicat mixte ouvert Val de Loire Numérique

« Nos réseaux fibre et WiFi public forment le socle technologique du schéma directeur " Smart Val de Loire ", datant de 2023, qui permet d’entrer résolument dans le domaine des usages (…) Cette infrastructure est en train d’être complétée par un réseau LoRa disposant déjà d’une vingtaine de passerelles et de plusieurs centaines d’objets connectés. Il sert à mener des expérimentations sur des dizaines de territoires ».

 

 

 

 

Syndicats, région, départements, intercommunalités : des partenariats intelligents pour des projets intelligents 

 

De gauche à droite : Jean-Luc Dupont, Philippe Gouet et Olivier Jouin

 

La plupart des projets de territoire connecté et durable (TCD) sont basés sur une coopération entre plusieurs acteurs territoriaux. Mais quels partenaires mobiliser et comment construire les services ? Selon les intervenants, certains acteurs sont fréquemment impliqués dans les projets de TCD comme les syndicats d’énergie ou du numérique, ou encore les groupements d'intérêt public (GIP). « Notre rôle est de favoriser la cohérence des territoires dans la gestion de la donnée. Pour développer la mutualisation des moyens et aussi pour partager les bonnes pratiques », a résumé Olivier Jouin, Directeur du GIP RECIA (Région Centre InterActive), opérateur public de services numériques. « C’est la co-construction qui est la clé, avec le respect des rôles de chacun ».


Un avis partagé par Jean-Luc Dupont, Maire de Chinon et Président de la Communauté de communes Chinon Vienne et Loire : « Les projets de territoire connecté sont relativement complexes et intègrent un grand nombre de technologies, il y a donc une incapacité à les mener seul. Nous avons travaillé avec le syndicat départemental d’énergie afin de mener des expérimentations et challengé les solutions. Nous nous sommes aussi appuyés sur Val de Loire numérique, afin de disposer du socle technique pour mener ces expérimentations (notamment les réseaux fibre et LoRa) et en évaluer les résultats ».


Selon les intervenants, les partenariats entre acteurs territoriaux permettent de développer les projets à une maille plus large que celle d’un territoire seul. « Nous travaillons par exemple sur l’analyse des habitudes de mobilité qui est un sujet se traitant à l’échelle départementale », a expliqué Philippe Gouet Président CD Loir-et-Cher. « Grâce au réseau fibre de Val de Loire Numérique nous menons également des projets sur la gestion de l’eau et l’éclairage public, que nous ne pourrions mener seuls. Et bientôt, la collaboration territoriale sera encore plus indispensable avec le développement de l’intelligence artificielle (IA) qui ouvre encore de nouvelles possibilités techniques ».


Enfin, les intervenants ont partagé quelques exemples d’"échelle idéale" pour certaines briques smart : l’EPCI pour la gestion de l’eau ou le département pour le suivi des consommations des collèges.

 

Pourquoi les données aident à répondre aux défis des territoires ?

Pierre-François Valton, Baptiste Chapuis, Jean-Michel Bernabotto, Alexis Semmama et Simon Chignard

 

La data est le "carburant " des projets de TCD qui sont menés aujourd’hui par près de deux tiers des territoires français. « Le pourcentage de collectivités ayant engagé au moins un projet data au cours des deux dernières années atteint les 65% en 2024 », a contextualisé Simon Chignard, expert données, citant le récent baromètre de l’observatoire Data Publica.


Pourquoi la donnée est-elle essentielle aux projets de TCD ? Car sans données, il n’y a pas de mesures de l’existant et donc pas de connaissances suffisantes pour appréhender la situation et son potentiel d’évolution, ont expliqué les intervenants. « La donnée permet d'adapter les politiques publiques et de mener des projets de territoires en fonction de la réalité du terrain », a résumé Baptiste Chapuis, Directeur Mission Numérique à la Région Centre-Val de Loire. Pour Alexis Semmama, Directeur général d’Eridanis : « La donnée est une réponse à la question récurrente des territoires qui est : Comment faire toujours plus avec autant ou moins de moyens ? »


Dans le détail, les territoires exploitent de la donnée dans certains domaines plus que d’autres. « Les solutions qui font l'objet de fortes demandes de data de la part de nos clients sont la gestion de l'eau (télérelève et lutte contre les fuites), l'analyse des flux de déplacements, l’éclairage public, la gestion des points d’apports volontaires et l’optimisation énergétique des bâtiments », a confié Pierre-François Valton, Directeur Commercial chez Orange Business.


Enfin, la question récurrente qui se pose dans bon nombre de territoires est : " Quelles données exploiter ? " « Nous avons environ 200 métiers qui produisent chacun de la donnée. Cela fait beaucoup de data et toute la question est donc de déterminer lesquelles utiliser », a souligné Jean-Michel Bernabotto, directeur de cabinet d’Agglopolys (Communauté d'Agglomération de Blois).

 

Ateliers collaboratifs

 

La fin de matinée a été consacrée aux ateliers du Smart Cities Tour. Par petits groupes, les participants ont eu l’occasion de réfléchir à la question suivante : " Démarrer un projet de territoire connecté et durable : pourquoi et comment commencer ? ".


Le principe de l’atelier : démarrer un projet fictif en profitant des expériences des participants. Ils pouvaient jouer différents rôles (maires, des DSI, des habitants, commerçants…) et ainsi tenter de définir les attentes de ces typologies d'acteurs. Ensuite, les participants ont notamment identifié les actions à mener, déterminé les outils numériques répondant aux attentes et les possibilités d’amélioration des services. Parmi les principales étapes pour démarrer un projet de TCD, il avait donc : la définition des besoins et de la finalité du projet, l’analyse de l’existant (notamment les données dont dispose le territoire), l’identification des éventuelles difficultés (objections internes, freins de la population …) et la construction d’un plan d’action clair en coopération avec les différentes parties prenantes.


Plusieurs thématiques ont été abordées, comme la gestion de l’eau (arrosage connecté, outils de prévention de crues), l’optimisation de l’éclairage, le développement des mobilités douces ou encore la gestion intelligente des déchets.

 

Comment concevoir un projet de territoire connecté et durable au-delà des métropoles ?

Nicolas Marchal, Pierre Solon, Pascal Bourdillon et Guillaume Rochette

 

Les projets de TCD ne sont plus l’apanage des grandes villes. Mais l’approche est différente dans les territoires ruraux. « En territoire rural, il y a moins de moyens, que ce soit au niveau humain comme financier. Donc lancer des projets de territoires connectés est plus complexe », a résumé Pascal Bourdillon, directeur du Syndicat Berry Numérique. Cette problématique de moyens financiers a également été mise en avant par Pierre Solon, maire de Pezou (1110 hab.) : « Une question centrale pour les communes rurales engagées dans le numérique est le budget. Si chaque commune déploie des solutions, cela est compliqué. Il faut donc mutualiser. Et mutualiser plutôt au niveau des bassins de vie qu’à celui des découpages administratifs. »


Selon les intervenants, la mutualisation est ainsi la meilleure approche pour les territoires ruraux. « Du point de vue opérateur, la mutualisation des réseaux de communications, par exemple à l'échelle départementale, est une solution adaptée aux territoires ruraux », a estimé Nicolas Marchal, Sales Account Manager de IELO Group, opérateur d'infrastructures dédié aux professionnels des télécoms. « Si des expérimentations peuvent être menées localement, la mutualisation à un maillage territorial plus large est indispensable pour le passage à l’échelle. C’est le cas par exemple pour l’exploitation d’un data center local ».


Pour Pierre Solon, le numérique est justement une solution à la problématique de moyens limités des territoires ruraux. « Grâce au numérique, vous pouvez mieux gérer vos équipes. Un exemple : l’optimisation les tournées des techniciens vérifiant les stations d’épuration grâce à des capteurs connectés ».


Enfin, selon Guillaume Rochette, directeur général de la société Ubicite : « Certaines technologies sont particulièrement bien adaptées aux territoires ruraux comme les réseaux LoRa qui, de par leur faible coût de déploiement, répondent parfaitement aux problématiques budgétaires de ces territoires ». 

 

Projet Territoire connecté et durable : concevoir l’expérimentation dans la perspective d’un passage à l’échelle

Ariel Gomez (Rédacteur en chef de Smart City Mag), Véronique Chatain, Aurélie Boissier et Pascal Pareau

 

Les projets de TCD se font par étapes. Et l’une des premières est la phase expérimentale, servant à tester la viabilité des solutions. Le POC (proof of concept) est par exemple une évaluation technique dont on cherche à valider la faisabilité. Comment les territoires abordent cette phase décisive ? Avec pragmatisme, sans avoir peur de l’échec, ont répondu les intervenants. « Nous avons abordé notre démarche d'expérimentation avec une approche pragmatique qui était que cela réponde à des besoins clairement identifiés », a souligné Véronique Chatain, Directrice Transformation Numérique du Territoire chez Tours Métropole Val de Loire. Et de préciser que « même si ce sont des expérimentations, elles doivent intégrer l’étape d’après qui est le passage à l’échelle ».


Autre élément qui a fait l’unanimité : la phase expérimentale doit être menée en coopération avec un maximum d’acteurs. « Nous menons des expérimentations sur une dizaine de territoires différents, de la petite commune rurale au syndicat d’énergie. Cela confère au projet une grande richesse », a confié Aurélie Boissier, Directrice de projet Smart territoire chez Val de Loire Numérique. « Ces expérimentations sont également menées en collaboration avec différentes directions métiers, afin de prendre en compte leurs attentes et exigences, mais aussi de profiter de leurs expertises ».


Dernier élément, ces expérimentations gagnent à être menées avec l’appui des élus, pour ne pas être uniquement des projets techniques. « Pour mener à bien un projet expérimental, le soutien d’un élu est un gros avantage. Rien ne vaut un élu pour convaincre d’autres élus », explique Pascal Pareau, Directeur de Grand Chambord communauté de communes. « Quand des élus parlent ensemble, cela permet de lever de doutes sur des projets dont la dimension technique pourrait être source d’interrogations ».

 

Loïc Haÿ, Conseiller technique - Département numérique de la FNCCR

« La méthode qui se généralise aujourd’hui dans les territoires connectés est celle du pas à pas. Elle consiste à lancer des expérimentations, à les analyser, puis, si les résultats sont probants, à finaliser le projet par un passage à l'échelle ».

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