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Arrosage connecté : bilan du passage à l’échelle à Marseille, Toulouse et Martigues

Adaptation climatique

Les trois collectivités territoriales ont fait passer leur projet d’arrosage connecté à grande échelle, avec l’entreprise Greencityzen. Après une saison de mesures, le bilan chiffré de 2024 a été établi avec des économies en temps d’arrosage de plus de 50%.

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Crédit photo : Greencityzen
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Pour une collectivité, déployer à grande échelle de l’arrosage connecté est un projet rentable. C’est ce qui ressort du bilan à Toulouse, Marseille et Martigues pour la saison 2024, réalisé par l’entreprise Greencityzen, prestataire de chacune d’elles. Les trois villes, équipées de 200 à 300 sondes connectées, ont réalisé plus de 50% d’économies en temps d’arrosage.


Point de départ de ces trois projets d’arrosage connecté : les épisodes climatiques de sécheresse. « Nous avons vécu ces quatre dernières années avec des arrêtés de plus en plus longs et ma préoccupation est de préserver le patrimoine vert existant », explique Nassera Benmarnia, conseillère métropolitaine et adjointe au maire de Marseille. La première expérimentation, menée entre 2021 et 2023 sur un parc de huit hectares, a abouti à 66% d’économies d’eau. « Nous n’avions pas de dissociation du réseau d’arrosage. Cela nous a fait prendre conscience de l’impact positif de l’arrosage connecté, fonctionnant au plus juste », affirme-t-elle. Le dispositif du parc testé a été étendu à 12 autres espaces verts répartis sur neuf des 16 arrondissements de la ville, touchés par les arrêtés préfectoraux.


A Martigues, le POC mené sur deux ans (2022 et 2023), a aussi immédiatement abouti à une baisse des consommations d’eau de 40% par une réduction du temps d’arrosage et la découverte d’une fuite dans une canalisation. Martigues est passée en 2024 de quatre zones de test à 70 zones équipées, soit 25% du parc d’espaces verts, qui s’élève à 280 zones. « Ces protocoles permettent d’arroser seulement en fonction des besoins des plantes, et non plus de manière systématique à des horaires définis », met en avant François Hamon, CEO de Greencityzen. De son côté, Toulouse n’a pas souhaité nous répondre.


Un ROI clair et des avantages associés

Passés à l’échelle, les projets d’arrosage connecté de ces trois territoires ont obtenu pour la saison 2024 des résultats concluants. Martigues réalise 8% d’économies d’eau en mètres cubes par rapport à 2023, sur les 25 hectares équipés, en réduisant ses temps d’arrosage de 56%. « Cela représente environ 168 000 mètres cubes d’eau économisés par an, l’équivalent de 160 millions de bouteilles d’eau », chiffre Alexandre Boudonne, cofondateur et directeur des opérations de Greencityzen. A Toulouse, ces temps d’arrosage ont été diminués de 54% sur les 22 hectares monitorés dans la ville et la métropole. Marseille comptabilise 52% de temps d’arrosage en moins, soit quelque deux millions d’euros économisés par an, d’après Greencityzen.


Côté finances, le projet disposait d’un budget d’un million d’euros à Martigues. « Le ROI de l’arrosage connecté est d’environ un an et demi, il est d’autant plus rapide que l’Agence de l’eau subventionne l’installation de solutions à hauteur de 50% », précise Alexandre Boudonne. « Au-delà du retour sur investissement, l’arrosage connecté apporte une série d’avantages », assure Nassera Benmarnia à Marseille. Sous sa tutelle, le budget dédié a été augmenté de quatre à sept millions d’euros en quatre ans afin de moderniser les installations.


Et Nassera Benmarnia de citer la montée en compétences des agents des parcs et jardins : « Nous avons fait évoluer la direction des parcs et jardins en une direction de la nature en ville dotée d’écologues et de naturalistes », se réjouit-elle. Une manière d’ancrer « le suivi de la performance dans les pratiques des jardiniers », confirme Alexandre Boudonne. Un avis partagé par Sylvain Chauvet, chargé du développement de la ville connectée à Martigues, qui développe dans ses services un arrosage agronomique : « La solution peut gérer les besoins en eau de plusieurs espèces végétales sur un seul capteur, c’est une grande avancée qui permet de réduire le nombre de programmateurs à commander. »


Vers des projets plus larges

Autre atout financier qui découle de l’arrosage connecté : « Investir dans des plantes peu consommatrices d’eau préserve la qualité des sols et évite l’investissement annuel pour remplacer les parterres fleuris », souligne Nassera Benmarnia, qui met en avant, d’autre part, l’amélioration de l’empreinte carbone de la métropole en réduisant les déplacements des agents pour surveiller les végétaux. A Martigues, de nouvelles économies verront le jour grâce à la mise en lumière « de compteurs d’eau à supprimer », indique Sylvain Chauvet : « Nous fondons beaucoup d’espoir en 2025 sur la détection de fuites d’eau et le suivi de l’état du réseau grâce aux données des compteurs communicants », ajoute-t-il.


En 2025, Marseille prévoit pour sa part d’équiper la moitié de ses 64 parcs, passant de 12 à 37 espaces verts dotés d’arrosage connecté. « Cela représentera plus de mille sondes déployées », précise Fabrice Montbarbon, responsable Arrosage Espace Vert et Agritech chez Greencityzen. Ce dernier observe une volonté nouvelle de ses clients de maîtriser l’apport d’eau de la végétalisation en bacs ou des arbres d’alignement. « On va permettre aux citoyens d’agrandir notre inventaire des végétaux dans la base de notre SIG avec les essences de leurs espaces privés », annonce Nassera Benmarnia.


La ville de Martigues est devenue dans le sud de la France une source d’inspiration en la matière. Après avoir conseillé Toulouse, qui est passé à l’échelle dans l’arrosage connecté, elle échange avec Salon-de-Provence et Berre-l’Etang. Et Sylvain Chauvet de conclure : « Mon conseil aux services municipaux qui veulent franchir le pas est de convaincre les élus pour avoir un soutien politique. Car l’arrosage connecté demande un investissement de départ mais qui se justifie cent fois. »


Lire aussi notre dossier « Comment optimiser la gestion de l’eau grâce à la donnée ? » dans Smart City Mag n°58.

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