Bordeaux se transforme avec l’ambition de devenir une ville solaire. La reconversion de la ZAC Bègles Garonne de 738 hectares, entre les villes de Bordeaux, Bègles et Floirac, en est une parfaite illustration. Les toitures et les espaces publics devront à l’avenir intégrer des panneaux photovoltaïques. Selon une étude réalisée en octobre dernier pour le compte de l’Établissement public d’aménagement (EPA) Bordeaux Euratlantique, son aménageur, le potentiel solaire du site est chiffré à 100 000 MWh par an. Reste à transformer ce potentiel en une feuille de route précise. Pour y parvenir, la ville a besoin de solutions numériques. « Hors Île-de-France, il s’agit de la plus grosse opération d’aménagement d’intérêt national de France, il nous faut donc une vision d’ensemble », justifie Mathilde Diaz, directrice des relations institutionnelles et de la communication au sein de l'EPA Bordeaux Euratlantique.
Chaque démarche immobilière de l’EPA Bordeaux Euratlantique fait l’objet d’une modélisation BIM (Building Information Modeling, une maquette numérique des bâtiments). « Cela nous permet de suivre les matières premières puis la conception et la réalisation des bâtiments », indique Alexandre Vinauger, chef de projets BIM & Géomatique, qui a notamment étudié numériquement le quartier du Belvédère, sur la rive droite de Bordeaux. La numérisation amène les équipes d’Alexandre Vinauger à des réflexions sur la forme des bâtiments et sur la préservation de la biodiversité. L’EPA Bordeaux Euratlantique doit par exemple fournir 60 hectares d’espace public de pleine terre.
L’urbanisme défini par le "CIM"
Cette démarche BIM confronte les équipes à plusieurs défis techniques, à commencer par la « disponibilité d’outils pour renseigner de manière efficace des indicateurs », souligne Alexandre Vinauger, qui se retrouve dépendant de la qualité des données et de leur interopérabilité. Chaque porteur de projet dans les cabinets d’architecte fournit des données variées, qui doivent être retraitées en interne. « Dans la maquette numérique, si les informations ne sont pas correctement renseignées ou les objets mal modélisés, on va avoir beaucoup de mal à faire des extractions de données pour alimenter nos modèles permettant de suivre nos indicateurs pour valider notre trajectoire », détaille Alexandre Vinauger.
Cette modélisation BIM des bâtiments et des infrastructures évolue aujourd’hui vers un jumeau numérique du territoire. Ce dernier est créé d’abord à l’échelle d’un quartier par un CIM (City Information Modeling, modélisation numérique appliquée à la gestion des infrastructures urbaines à l’échelle d’un quartier ou d’une ville), qui intègre les informations géospatiales, les données urbaines, les données de terrain, les données géoscientifiques et les données de planification pour faciliter la prise de décision. « Le CIM est l’agrégation de plusieurs modèles BIM et de différents projets dans une visée de pilotage. C’est au niveau des données que se bâtit notre jumeau numérique, précise Alexandre Vinauger. L’objectif est de développer les fonctionnalités de ce jumeau numérique sur les aspects urbains, comme l’imperméabilisation, et le confort favorisé par les îlots de fraîcheur. »
Le quai deschamps a été suivi en phase de chantier en BIM et CIM. Pour l’heure basé sur de la restitution d’informations liés à la planification et à la programmation des chantiers, le jumeau numérique est voué à s’enrichir en 2025. La feuille de route 2025-2040 de l’EPA Bordeaux Euratlantique ancre dans le marbre l’utilisation et la valorisation des données numériques pour les opérations d’aménagement de l’espace public.