Dans le cadre du programme d’aménagement urbain Canopia à Bordeaux, qui va permettre de transformer une friche de 4 ha entre la gare Saint-Jean et la Garonne d’ici 2027, deux des principaux acteurs de l’opération ont pour projet de créer un réseau de froid novateur. En effet, Apsys et Mixéner (filiale de Bordeaux Métropole Energies et d’Idex, qui conçoit et exploite les réseaux de chaleur et de froid sur le territoire) se sont associées pour étudier une solution de refroidissement des groupes de production de froid par utilisation de l’eau de la Garonne.
« Les systèmes de production de froid dégagent de la chaleur qui provoque elle-même des bulles chaudes au-dessus des bâtiments, ce qui ne fait qu’empirer l’augmentation des températures en été », explique Cécile Hairault, directrice de Mixéner, « la proximité du quartier Canopia avec la Garonne a fait naître l’idée d’utiliser l’eau du fleuve pour refroidir ces équipements ». Certes, aujourd’hui, il existe déjà en France quelques dispositifs d’utilisation d’eau de mer ou de fleuve dans des projets similaires, mais pas à cette échelle.
Depuis 2015, dans le cadre d’une DSP, Mixéner déploie et exploite un réseau de chaleur renouvelable dans le secteur de Bordeaux Euratlantique. Celui-ci est alimenté par la récupération de la chaleur issue de la combustion des déchets ménagers au sein de l’usine d’incinération de Bègles. En été, ce même réseau est utilisé pour produire du froid renouvelable grâce à la technologie de l’absorption, qui présente l’inconvénient de rejeter de la chaleur autour des bâtiments.
Limiter la chaleur émise par les groupes de production de froid
En utilisant l’eau de la Garonne, cette émission de chaleur non désirée pourrait être sensiblement réduite. Surtout, l’objectif est de ne pas laisser les groupes de production de froid effacer le gain thermique attendu dans le quartier Canopia. En effet, ce dernier a été conçu comme un véritable îlot de fraîcheur où les températures devraient être inférieures de plusieurs degrés par rapport à celles enregistrées dans les principales rues de la cité girondine.
« Nous avons travaillé avec la mairie de Bordeaux pour intégrer dans le programme Canopia tous les enjeux environnementaux qui vont concerner la ville à l’horizon 2050, dont le climat ressemblera alors à celui de Séville », explique Céline Poix, directrice générale leasing innovation RSE d’Apsys, « par exemple, en matière de mobilité douce, nous allons créer 1400 places de stationnement pour les vélos, ce qui fait sens avec la proximité du pôle multimodal de la gare ». Par ailleurs, un vaste plan de végétalisation est prévu avec la plantation de plus de 600 arbres et le verdissement de 13 400 m2 de façades et toitures. « L’idée est de créer une rue-parc piétonne de 600 m avec une véritable canopée pour rafraîchir la ville », résume Céline Boix.
Aujourd’hui, le projet de refroidissement utilisant l’eau de la Garonne est en phase d'étude, mais il a de bonnes chances d’aboutir car il a déjà été démontré que l’impact sur la température du fleuve est négligeable et que les effets sur la faune et la flore sont minimes. Du reste, l’Ademe s’est d’ores et déjà engagée pour contribuer à sa réussite. Avec ce dispositif, l’objectif est non seulement de refroidir les groupes de production de froid de tous les bâtiments du quartier Canopia, mais aussi de répliquer cette solution pour d’autres bâtiments, notamment dans le secteur Saint-Jean/Belcier/Bègles, également situé dans le périmètre du réseau de chaleur et de froid.