Les habitants du quartier des Batignolles ont vu émerger dans les rues de nouveaux panneaux de signalétique vert avec des pictogrammes. Il s’agit des informations relatives à l’expérimentation de quartier connecté mené pendant cinq ans par la mairie du 17e arrondissement de Paris. Ces informations, qui visent à rendre transparentes la gestion des données, suivent les codes du standard open source DTPR, Digital Trust for Places and Routine, en français « transparence numérique dans le domaine publique ». Son principe est d’afficher sur le terrain des informations sur la technologie déployée mais aussi sur sa finalité via des pictogrammes. Un dispositif déjà testé à Angers (lire SCM N°62).
Ce projet de quartier connecté couvre l’intégralité des Batignolles, un des quartiers du 17e arrondissement de Paris (165 000 habitants). Il a un triple objectif : « ouvrir le territoire à l’innovation numérique en donnant accès aux données en open data, impliquer les citoyens, et engager le territoire dans la réduction des émissions de CO2 », énumère Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement et vice-président de la métropole du Grand Paris. Soumis au conseil de Paris en 2021 avec la finalité première de rénover l’éclairage public devenu trop vétuste, le projet a été voté à l’unanimité et a bénéficié d’un financement (le montant n’est pas communiqué, ndlr) par un budget participatif parisien de 2019 sur l’éclairage intelligent, mobilisé en 2022.
Le premier volet, réalisé entre 2022 et juin 2024, a consisté en l’installation de l’infrastructure par la rénovation totale de l’éclairage public du quartier. Les 255 luminaires des Batignolles ont été remplacés par des Led et permettent une gradation de l’intensité lumineuse en cœur de nuit sur huit voies. « Nous devrions réaliser avec ce nouvel éclairage 96 000 kWh d’économies d’énergie par an », se réjouit Geoffroy Boulard, qui met également en avant l’impact sur la biodiversité par l’instauration d’une trame nocturne sur 13 axes du quartier. Au-delà du quartier des Batignolles, le 17e arrondissement compte 10 400 points lumineux dont 57% seront équipés en Led en 2027 pour réaliser une économie d’énergie de l’ordre de 40%. En parallèle à la rénovation de l’éclairage, 160 capteurs multi-usage de l’entreprise Upciti ont été installés sur ces mâts. « Nous voulions mutualiser les infrastructures pour ne pas encombrer l’espace public », précise Geoffroy Boulard.
Des retours d’expérience à l’échelle européenne
A présent que l’infrastructure est opérationnelle, la mairie du 17e ouvre le deuxième volet du projet, à savoir la mise en place de nouveaux usages serviciels. « Nous comptons associer les commerçants et les habitants pour qu’ils nous disent comment améliorer leur cadre de vie », indique le maire du 17e. Les capteurs d’Upciti enregistrent à la fois les différents flux urbains et les niveaux sonores en ville pour identifier les sources de bruit. La mairie du 17e a intégré la visualisation de l’occupation de la chaussée dans son outil d’hypervision pour bénéficier d’une aide à la décision. Elle entend mettre en place une aide au stationnement en indiquant les places libres. L’une des pistes envisagées serait d’utiliser l’application de guidage et de paiement pour le stationnement de la société française Flowbird.
Le point crucial qui a guidé Geoffroy Boulard dans la mise en place du projet a été le respect de la vie privée des habitants, avec l’anonymisation des données. « C’est pour cette raison que nous avons choisi les capteurs d’Upciti, flou et privacy by design, et le standard DTPR. Il n’y a pas d’obligation légale à informer les citoyens mais nous tenions à faire comprendre au grand public les possibilités de ces nouvelles infrastructures intelligentes », explique l’élu, qui collabore par ailleurs avec le cabinet Civiteo, à l’origine d’un livre-blanc sur le standard, pour être sûr de bien rendre compréhensible cette signalétique dans ses communications. Geoffroy Boulard projette de créer, en marge du salon Smart City Expo World Congress à Barcelone fin 2025, un réseau de villes expérimentant ce standard pour partager les pratiques.
Lire aussi notre article "Infrastructures mutualisées : quels services et quels préalables pour les déployer ?" dans SCM n°64.