« Mon directeur de la communication m'a suggéré de tenir un discours de longueur proportionnelle au budget alloué jusqu’à présent à l’établissement… », a ironisé Pascal Berteaud en introduction de son discours. Le directeur général du Cerema a tenu à maintenir la cérémonie annuelle de présentation des vœux de l’institution pour démontrer son action concrète pour les territoires, malgré le contexte politique et budgétaire tendu. Il a indiqué lors de son discours n’avoir reçu qu’une première tranche de 15 millions d’euros, « ce qui ne représente que 5% du budget de 2024 ». Or, « 2025 représente une année importante pour le Cerema. Notre projet stratégique 2025-2028 a été voté en octobre dernier », a-t-il indiqué. Le Centre d'études et d'expertise entend se tourner davantage vers les territoires en 2025.
La priorité du Cerema est de concevoir de nouveaux outils et services pour répondre au Plan national d’adaptation au changement climatique. Des données sur les îlots de chaleur dans les villes seront mises à disposition. « L’enjeu en 2025 pour les collectivités est d’arriver à se projeter sur les conséquences du changement climatique et à consolider leur culture du risque par les outils digitaux », nous a affirmé Sébastien Dupray, directeur technique au Cerema, coordonnant l’environnement, les risques, la mer et le littoral. Des expérimentations ont été menées sur ce sujet, par exemple à Pont-Audemer, en Normandie, avec le projet BRIC (Building Resilience In Communities), une visualisation par réalité virtuelle de la résilience des territoires aux inondations.
Des attentes fortes sur l’eau
Les inondations restent un sujet phare pour le Cerema. « Nous avons encore beaucoup d’expertises sur le sujet à développer », a assuré Pascal Berteaud face à son auditoire. Le Cerema prépare pour l’été une cartographie sur les inondations avec une étude prospective à 2100. « L’eau en général est un sujet sur lequel les collectivités ont de fortes attentes, nous montons en compétences sur le sujet en peaufinant nos outils », a ajouté Sébastien Dupray. Le Cerema a par exemple conçu Strateau 2025.
« On l’a entièrement recodé pour évaluer les besoins en eau d’un territoire dans un contexte de changement climatique. Les gens s’intéresse beaucoup à la ressource en eau, au niveau des cours d’eau, mais moins à la manière dont l’eau est utilisée », nous a précisé Sébastien Dupray, mettant en avant la prospective de l’outil pour identifier les besoins à venir en fonction de l’évolution du territoire. « Il a notamment été utilisé par France Stratégie pour sa présentation des conséquences du changement climatique sur le cycle de l’eau en France, présentée ce 21 janvier 2025 », nous a-t-il confié.
Le Score Card Résilience Eau est un deuxième outil numérique pour aider les collectivités à savoir quelle est la résilience de leurs services d’eau et d’assainissement. Testé avec plusieurs collectivités, il sera mis à disposition dans le courant de l’année. Un nouvel outil numérique sera également annoncé dans le courant de l’année. « Nous avons annoncé les 12 premières collectivités impliquées pour accélérer le recours aux eaux réutilisées non traitées sur le littoral. Une deuxième vague de collectivités suivra très prochainement », a annoncé dans son discours Marie-Claude Jarrot, présidente du conseil d’administration du Cerema.
IA et Outre-Mer
Cette année, l’intelligence artificielle s’affirmera aussi au sein du Cerema, « dans tous les métiers et les services […] pour obtenir une augmentation de 10% de notre productivité », a reconnu le directeur général. Et Pascal Berteaud de citer le projet Sof-IA, une IA entraînée sur les bases de données du Cerema et de l’Ademe pour répondre aux enjeux de la transition écologique et qui garantit la traçabilité des sources et des données mobilisées.
Après une pensée pour Mayotte, Pascal Berteaud a rappelé que le Cerema compte renforcer sa présence en Outre-Mer. Une agence de 60 personnes a été créée aux Antilles en 2024, après celles de Guyane et de l’océan Indien. En 2025, la cartographie du trait de côte sera étendue à l’Outre-Mer et à l’international. Le Cerema, qui enregistre près de mille collectivités membres, espère devenir une plateforme unique de connaissances sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement.