La pollution sonore est un sujet qui va avoir un certain écho dans les collectivités ces prochains jours. La 22e édition de la Semaine du son, organisée par l’Unesco du 20 janvier au 2 février, est placée sous le thème "Son et politiques". Une manière de sensibiliser les élus à la pollution sonore. « On doit envisager les villes de demain avec des zones calmes et des zones de bruit, et non plus considérer ces questions dans l’urbanisme après coup », justifie Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et président fondateur de l’association "La semaine du son", en conférence de presse.
D’autant que selon une récente étude : « 78% des répondants estiment que les politiques publiques ne prennent pas suffisamment en considération les dangers liés au bruit », rapporte Eléonore Quarré, chez OpinionWay (étude OpinionWay sur les Français et le bruit dans l’espace public, menée en décembre 2024).
La Cour des comptes européenne (CCE) a elle aussi lancé une alerte sur le niveau de pollution sonore des villes. Dans un rapport publié le 15 janvier dernier, elle souligne que si la qualité de l’air s’est globalement améliorée dans l’UE, les villes ont encore beaucoup à faire, notamment sur la pollution sonore, pour respecter les futures normes européennes. « Il est très difficile d'évaluer les progrès accomplis en matière de réduction des niveaux de bruit dans les villes européennes, en raison de l’absence d’objectifs fixés et des lacunes dans les évaluations des Etats membres », regrette Klaus-Heiner Lehne, membre de la CCE et auteur du rapport.
Les sources de nuisance sonore ne cessent d’augmenter
La pollution sonore est néanmoins un sujet que les élus commencent à prendre en compte. « Le sujet arrive sur la table car les Français y sont plus sensibles depuis la crise du covid – ils se disent dans l’étude d’OpinionWay gênés par le bruit dans l’espace public – et les sources de nuisance sonore ne cessent d’augmenter. Les pompes à chaleur, qui se multiplient, en sont un exemple », explique Fanny Mietlicki, directrice de l’association BruitParif, qui souligne que les maires sont en première loge pour créer des zones de calme dans les centres urbains. Rappelons que selon l’OMS, la pollution sonore induit des risques de fonctions cognitives réduites, de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2.
Certaines collectivités ont commencé à travailler sur les nuisances sonores. A l’image de la métropole de Nantes : « Nous n’avons pas de données sur les nuisances sonores à l’échelle de la métropole. Nous travaillons sur des modèles pour avoir des indicateurs similaires à ceux de la qualité de l’air et évaluer l’impact de la pollution sonore sur certaines populations. Nous voulons contribuer à l’apaisement des villes », confie Franckie Trichet, vice-président en charge du Numérique.
Autre exemple avec la ville de Saint-Quentin-en-Yvelines qui a mené une expérimentation avec le constructeur automobile Renault pour déterminer le lien entre le bruit, l’état de la chaussée et la consommation énergétique du véhicule. Un projet qui a inspiré le programme Apache (pour « Auscultation du bruit acoustique des chaussées et de leur efficacité énergétique ») de la métropole du Mans.
Pour faciliter la compréhension de la pollution sonore, Christian Hugonnet annonce la création d’une entreprise pour commercialiser ce que Erik Orsenna, parrain de l’événement, appelle un "décibelateur" : un afficheur de niveau sonore à fixer sur les bâtiments publics pour indiquer le niveau de décibels dans une rue. « Nous le commercialisons autour de 400 euros pour les mairies. Il faut rendre le son aussi compréhensible aux habitants que la température, lorsqu’on affiche les degrés Celsius », affirme-t-il. Une initiative qui se voit confortée par l’étude d’OpinionWay, selon laquelle trois quarts des Français aimeraient des dispositifs mesurant le bruit dans la rue et les lieux publics afin de préserver leur santé auditive.