La Bretagne est la première région française à travailler sur l’anticipation du niveau de ses nappes phréatiques. Elle s’est associé au Bureau de Recherches géologiques et minières (BRGM) pour déployer une plateforme de visualisation et de prévision des niveaux d’eau, basée sur l’outil MétéEAU Nappes du BRGM. Les deux partenaires ont signé leur partenariat et présenté leur projet lors du Carrefour des gestions locales de l'eau à Rennes.

Le BRGM dispose de 52 sondes piézométriques connectées répartis sur l’ensemble du territoire régional de façon à couvrir les principales formations géologiques et hydrogéologiques existantes et à prendre en compte les conditions climatiques contrastées, d’Ouest en Est, et du littoral vers l’intérieur des terres. Ces sondes transmettent des informations en temps réel. Parmi ses équipements, 25 serviront au projet commun de modélisation et d’anticipation saisonnière du niveau des nappes.

Concrètement, un modèle à base physique sera développé pour chacun des 25 points de mesure afin d’obtenir une prévision des niveaux sur six mois. L’outil de suivi du niveau des nappes en temps réel MétéEAU Nappes, développé depuis une dizaine d’années mais resté à l’état de preuve de concept, dispose d’un historique conséquent de mesures pour l’alimenter.

Une version améliorée de MétéEAU Nappes avec une cartographie et des graphiques sera finalisée au cours du premier trimestre pour ce premier passage à l’échelle. « Une première expérimentation sur une douzaine de sites sera menée dans le courant de l’année avant la mise en exploitation de la plateforme mi-2026. De nouvelles fonctionnalités enrichiront petit à petit l’application web », précise Bruno Mougin, ingénieur hydrogéologue au BRGM.

Un dispositif citoyen pour les nappes

Cette plateforme aidera à la prise de décisions en amont d’épisodes de sécheresse ou d’inondation, par exemple pour décider des restrictions d’usage de l’eau. Anticiper la disponibilité de la ressource est cruciale pour la Bretagne, qui présente la particularité de voir son eau de pluie ruisseler dans la mer et de dépendre à plus d’un quart de l’eau souterraine pour son eau potable. Le projet, d’un montant de 270 000 euros, est financé à 80% par la Région et à 20% par le BRGM.

A terme, la plateforme sera ouverte aux citoyens et la Région « créera EcoM³, une application dans l’eau similaire à EcoWatt dans l’énergie pour envoyer un niveau d’alerte à la population et une promotion des éco-gestes », détaille Delphine Alexandre, vice-présidente de la Région Bretagne en charge de la santé, de l'eau et de la biodiversité.

De son côté, le BRGM espère répliquer cette initiative sur d’autres régions. « Notre mission dans notre contrat d’objectifs et de performance est d’outiller les collectivités face à la sécheresse et de déployer cet outil sur 600 points en cinq ans », déclare Pauline Drzewiecki, directrice du BRGM Bretagne, en rappelant que son établissement public évalue 1 600 points sur toute la France.