« Hexagone est une alternative souveraine à Microsoft Office 365. Elle remplace une dizaine d'outils dont Word, Excel, Power Point, Agenda ou encore la Messagerie de Microsoft », résume Thomas Balladur, CEO d’Interstis. Cet éditeur de plateformes collaboratives, est le chef de file du consortium de 7 entreprises* françaises qui ont développé Hexagone. Basé au Creusot (Bourgogne-Franche-Comté), Interstis commercialise déjà, depuis 2016, une plateforme collaborative à destination des entreprises comme des collectivités. Elle compte à ce jour 700 000 utilisateurs en France.
Le développement d’Hexagone a été réalisé entre 2023 et 2024 dans le cadre du plan France 2030 (appel à projets " Suites bureautiques collaboratives cloud "), dont l’objectif était de développer des solutions souveraines (immunisées contre les lois d’extraterritorialité américaines) et sécurisées (qualification SecNumCloud). A ce titre, le projet a notamment bénéficié d’une subvention de 7 millions d’euros de Bpifrance sur trois ans.
Commercialisée progressivement depuis quelques mois, Hexagone a été lancée « officiellement » au Creusot le 7 janvier. « Vous avez la hardiesse de proposer un produit qui permet à notre pays d’affirmer que nous sommes en route vers la défense de notre souveraineté, aussi numérique », a déclaré lors de ce lancement :Yves Seguy, Préfet du Département de Saône-et-Loire. « Votre démarche est novatrice et menée avec hardiesse et avec un culot remarquable. Il faut le dire, ces jeunes acteurs ont pour ambition de concurrencer Microsoft ! ».
Une interface pensée pour faciliter la transition depuis Microsoft Office
Mais à quoi ressemble Hexagone ? Il s’agit donc d’une suite bureautique, intégrant des alternatives à la plupart des outils de Microsoft Office. « Le périmètre fonctionnel est identique à celui de Microsoft, à part quelques exceptions. Il n’y a pas d’équivalents à Access (base de données) et Publisher (publication assistée par ordinateur - PAO) ni aux webinaires Microsoft Teams. Mais pour le reste, les fonctionnalités sont équivalentes », poursuit Thomas Balladur. La solution s’appuie notamment sur la suite open-source : Onlyoffice.
L’objectif d’Interstis, et de ses partenaires, est que l’utilisateur reste dans un environnement de travail où il retrouve ses habitudes. Microsoft Office est en effet encore très majoritaire dans les collectivités (lire SCM N°64). «C’est pourquoi, l’interface a été pensée pour pouvoir passer des outils Microsoft vers Hexagone avec le minimum d’efforts, afin d’en favoriser l’adoption », précise Thomas Balladur. Et pour les inconditionnels d’Outlook : « comme il y a un attachement très fort à cet outil dans les collectivités, nous proposons la messagerie BlueMind en serveur mail tout en gardant le client Outlook. Comme ça les utilisateurs peuvent continuer d’utiliser Outlook, mais avec un serveur mail souverain ».
La différence par rapport à Microsoft Office, est qu’Hexagone a été développé par des acteurs français et que les données sont exclusivement hébergées en France, sur les serveurs d’Outscale (qualifié SecNumCloud 3.2). Hexagone est donc immunisée vis-à-vis des lois d’extraterritorialité américaines.
Notons également qu’Hexagone est une solution uniquement disponible en mode SaaS, hébergée sur le cloud d’Outscale (qualifié SecNumCloud 3.2). Il n’est pas possible de l’installer en local (on-premise). « Grâce au mode SaaS, nous pouvons garantir un niveau de sécurité mutualisé qui serait trop coûteux à duplique on-premise » ».
Une dizaine de contrats déjà passés
Autre précision, ce n’est pas une solution 100% open source, car il y a des développements internes. « Mais nous ouvrons le code des nouveaux services. En 2025, nos premières briques open sources seront publiées ». Enfin, côté tarifs : Hexagone est proposée de « 20 à 30 % moins cher que les offres de Microsoft ».
Une dizaine de contrats ont déjà été passés dont la moitié avec des petites collectivités. « Notre offre se destine aussi à nos 250 collectivités déjà clientes sur d’autres solutions collaboratives », confie Thomas Balladur.
Reste à savoir si la solution passera la barrière de certains DSI de collectivités, qui sont encore nombreux à préférer rester chez Microsoft (lire SCM N°64). « Pour un DSI, c’est souvent plus simple de continuer de travailler avec Microsoft. Il n’a pas forcément envie de supporter les éventuels mécontentements des agents. Il peut avoir l’impression qu’on lui reprochera de ne pas être resté avec Microsoft. Il faut donc que les agents soient sensibilisés à la souveraineté numérique. Et dans tous les cas, c‘est aux élus de porter la démarche de souveraineté. Car l’enjeu est bien celui de la souveraineté numérique des territoires. Et pas uniquement sur les logiciels installés sur le poste de travail. Derrière l’hégémonie d’Office 365, c’est en fait la question du cloud souverain, et donc de la maîtrise globale des données, qui se joue », conclut Thomas Balladur.
* Hexagone a été développé par : Interstis, BlueMind, Parsec, Belledonne, Xwiki, Tranquil IT et 3DS Outscale.