La préservation de l’eau est un sujet qui préoccupe de plus en plus les élus. Pour leur permettre de passer à l’action en collaboration avec les citoyens, le Parc naturel régional du Haut-Jura va consacrer cette année 2025 à leur faire découvrir l’application GeoRivière Public, qui permet à tous de faire remonter des informations sur l’état des cours d’eau afin de les protéger. Cela va passer par une série de formations aux secrétaires de mairie et aux élus référents Environnement et Développement durable. Une commune, dont le nom est encore confidentiel, est déjà partenaire du Parc naturel pour utiliser l’application.
GeoRivière Public a été développée en open source par la société nantaise Makina Corpus, à la demande du Parc naturel régional du Haut-Jura. « Nous utilisons déjà GeoRivière Admin en interne depuis 2022. Ce logiciel cartographie les cours d’eau et permet de visualiser les informations associées, comme la qualité de l’eau ou la température. Nous voulions l’enrichir par la participation citoyenne, que le grand public nous aide à renseigner la base de données est un véritable atout », explique Sabrina Le Roy, technicienne rivières au Parc naturel régional du Haut-Jura. Le Parc naturel régional du Haut-Jura a profité en 2023 d’un appel à projet de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse sur le thème de la participation citoyenne dans l’eau pour lancer ce projet, à développer avec un prestataire. Makina Corpus a remporté une nouvelle fois le contrat.
La phase de conception s’est effectuée par des ateliers, pour intégrer les citoyens dès le départ. « Le logiciel open source peut être modifié pour être adapté aux besoins mais nous n’avons effectué aucune correction, nous en sommes très satisfait en l’état », assure Sabrina Le Roy. Des expérimentations ont été menées durant l’année 2024 avec des médiathèques du territoire, notamment celles d’Orgelet et de Moirans-en-Montagne : des sorties sur le bord de la rivière ont été organisées pour montrer comment utiliser l’outil. 2025 sera l’année de la prise en main par les collectivités. Dans le Sud-Ouest, le logiciel open source a également été testé par l’Agence de l'eau Adour-Garonne. Makina Corpus Territoires annonce désormais officiellement le lancement de la plateforme citoyenne pour tous.
Agir sur le terrain
Concrètement, le grand public peut se rendre sur l’application desktop ou mobile GeoRivière Public pour effectuer un signalement, via des formulaires, de dépôts de déchets, de rejets polluants, de l’érosion des berges ou encore de la présence d’espèces invasives. L’information remonte directement dans l’application métier de l’établissement public.
« Auparavant, les pêcheurs, agriculteurs ou promeneurs qui voulaient nous dire quelque chose nous écrivaient par mail. Cela peut être un frein. Depuis que nous avons l’application, nous avons eu une dizaine de signalements, sur une passerelle peu stable ou une observation de mousse sur le cours d’eau. Nous avons pu envoyer un expert immédiatement », détaille Sabrina Le Roy. Et vice-versa, le Parc naturel régional du Haut-Jura peut informer les visiteurs, de travaux ou de zones réglementaires par exemple, via cet outil collaboratif.
« Cette transparence permet aux citoyens de mieux comprendre les actions menées sur le territoire et de s'informer sur les spécificités des milieux aquatiques locaux », a déclaré dans un communiqué Amandine Boivin, responsable marketing et communication chez Makina Corpus.
La technicienne rivières a identifié une clé de réussite pour obtenir une participation citoyenne dans un projet de territoire connecté et durable : « Expliquer le projet sur le terrain, et non pas dans une salle de réunion ! » Une méthode également appliquée par l’Agence de l'eau Adour-Garonne, qui a lancé une expérimentation avec les Rectorats du bassin pour amener les élèves du lycée polyvalent Charles de Gaulle, à Muret (académie de Toulouse), sur les berges de la Lèze afin de réaliser des mesures sur son état écologique.
En démocratisant l’outil, Makina Corpus espère sensibiliser chacun au besoin de préservation de la ressource et apporter une réponse concrète aux défis posés par le dérèglement climatique.
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