Les ministères sociaux veulent moderniser leurs services publics par de l’IA. Pour accomplir cette ambition, la Dinum*, qui pilote la transformation numérique de l’État, a lancé le marché public baptisé Dataval. Ce contrat cadre, qui s'étendra sur quatre ans, prévoit le traitement et la valorisation des données des directions et délégations de l’administration centrale des ministères du Travail de la Santé et des Solidarités.
Après une année de consultations menée sur 2024, les ESN Klee Group et Luminess annoncent ce mardi 4 février avoir remporté pour leur part le lot 3 "data science et intelligence artificielle" de Dataval, sur les quatre lots du contrat. Leur approche « Data as a Product » les a démarqué. L’enjeu de leur projet est triple : rendre l’action publique plus efficace, renforcer l’efficacité des agents et leur faire gagner du temps, faciliter et organiser la circulation des données.
Une aide à la décision pour les rapports d’inspection des Ehpad
La première demande faite par la Dinum aux deux partenaires était de déterminer comment l’IA peut aider les Agences régionales de santé (ARS), notamment dans l’analyse de fichiers. Un premier usage expérimenté en POC porte sur des rapports d’inspection. « L’IA doit déterminer par exemple la thématique du rapport, s’il est question d’un manque d’effectifs ou d’un autre problème structurel, et en extraire les informations principales afin d’accélérer les processus de traitement », détaille Gaspard Houillon, data scientist chez Klee Group, en charge de l’aspect technique du projet.
La première étape pour les équipes est d’amasser les données et de les anonymiser. « Pour développer l’IA, nous ne voulions pas nous enfermer dans un LLM particulier, nous voulions que le code soit le plus modulable possible et que le LLM ait un fort potentiel d’inférence dans les données non supervisées. Nous avons ainsi opté pour DeepSeek en open source. Les données sont hébergées sur le serveur du ministère », précise Gaspard Houillon.
Pour ce projet, c’est une équipe composée de plus de 80 experts, dont une cinquantaine spécialisée dans la gestion des données, qui est mise à disposition des ministères sociaux. « Il faut un grand panel de compétences pour de tels projets. L’IA ne signifie pas seulement faire appel à des data scientist pour entraîner les algorithmes, il faut aussi des experts métiers et des spécialistes d’interfaces facile d’utilisation », indique Gaspard Houillon.
L’équipe devra ensuite s’atteler à la détection de fraudes par IA. La particularité du projet est « de calibrer le produit, pour qu’il soit à la fois assez spécifique pour répondre aux besoins des employés des ARS, mais assez généraliste pour pouvoir être dupliqué au sein des collectivités », conclut Gaspard Houillon.
* Direction interministérielle du Numérique