Pour faire les bons choix en matière de rénovation énergétique des bâtiments, les gestionnaires de patrimoines bâtis tertiaires et résidentiels sont appelés à tester la simulation énergétique dynamique. L'institut de R&D dédié à la décarbonation des villes Efficacity et la Fédération des élus des Entreprises publiques locales (FedEpl) se sont associés pour proposer un troisième appel à manifestation d’intérêt (AMI) commun, après ceux de 2023 et 2024 dédiés aux aménageurs, ciblant cette fois-ci les collectivités, les gestionnaires de parcs et les bailleurs sociaux. Le dispositif permettra aux postulants d’expérimenter le logiciel de simulation énergétique dynamique à l'échelle urbaine PowerDis.
Ce logiciel, codéveloppé par Efficacity et le Centre scientifique et technique du bâtiment depuis 2017, est aujourd’hui étendu du quartier à l’ensemble d’un parc de bâtiments. Il permet dans un premier temps d’analyser en détail et de modéliser les consommations énergétiques de chaque bâtiment de grands patrimoines au pas de temps horaire sur une année. Il opère dans un second temps une comparaison de nombreuses variantes, comme plusieurs dizaines de scénarios de rénovation par bâtiment.
Le bilan est fourni en quelques semaines pour les plus petits parcs, en quelques mois pour les plus grands. L’outil se veut une aide à la décision : PowerDis indique les économies d’énergie réalisées et les réductions d’émissions de carbone selon telles actions ou combinaison d’actions. Il priorise alors les actions de rénovation à mener sur l'ensemble des bâtiments du parc, selon des critères financiers, énergétiques et carbone. « Le logiciel n’a pas besoin d'être aussi précis qu’un jumeau numérique en temps réel, mais il est plus rapide dans ses simulations. C’est un bon compromis en termes de temps de collecte de données et de précision des résultats », assure Michel Salem-Sermanet, directeur général d’Efficacity.
Une subvention apportée de 35%
PowerDis est expérimenté depuis plus d’un an sur le parc tertiaire de quelque 200 bâtiments et équipements publics de la ville de Noisy-le-Grand (93), ce qui a déjà permis de s’assurer, sur la partie la plus énergivore du parc, de la valeur ajoutée de cette méthode avant toute généralisation. « Cela nous a permis d’en vérifier les performances et de constater que l’on pouvait faire davantage d’économies en comparant plus de scénarios », ajoute le directeur général. Les candidats à l’AMI pourront bénéficier d’un accompagnement technique et scientifique sur 12 à 18 mois et d’une subvention par Efficacity couvrant 35% des coûts de modélisation et d’analyse, « s’élevant généralement entre 1 000 et 2 000 euros par bâtiment », précise Michel Salem-Sermanet.
L’institut, qui vient de fêter ses 10 ans en décembre 2024, développe des outils d’aide à la décision pour permettre aux collectivités d’accélérer leur transition énergétique et bas carbone. Le dernier AMI proposé en juin 2024 avec la FNCCR portait sur les plans Climat des collectivités. A présent, Efficacity se concentre sur la rénovation énergétique du patrimoine bâti existant. « En France, les villes sont responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre. Pour parvenir aux objectifs fixés par l'Accord de Paris, il leur faut réduire de 5% par leurs émissions jusqu’à 2050, soit doubler leurs efforts actuels et cela se joue en grande partie sur le parc existant. Nous voulons donc contribuer au choix des meilleures actions par les collectivités et autres grands gestionnaires de parcs pour être plus efficaces et ne pas se tromper, en cette période de contraintes budgétaires », souligne Michel Salem-Sermanet.
Les candidats ont jusqu’au 14 avril 2025 à 16 heures pour déposer leur dossier. Les projets sélectionnés pourront être contractualisés et démarrer dès mai-juin prochain. Un prochain AMI devrait être lancé par Efficacity dans le courant de l'année dans un autre domaine énergétique. Les collectivités auront alors toutes les cartes en main pour optimiser leur transition énergétique.