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Mathieu Hanotin : « Nous voulons doter le CSU de Saint-Denis de vidéosurveillance algorithmique »

Numérique
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Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis et président de l’intercommunalité Plaine Commune.
Nous lançons en 2025 un marché global de performances pour rénover l'intégralité de notre réseau d'éclairage public

La ville de Seine-Saint-Denis est en complète transformation. Après les évolutions liées aux Jeux Olympiques de Paris, la fusion avec la ville de Pierrefitte-sur-Seine au 1er janvier 2025 ouvre la voie à de nouveaux changements. L’occasion pour Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis et président de l’intercommunalité Plaine Commune, de faire le point sur les projets de smart city.

Qu’ont représenté les Jeux Olympiques de Paris dans la rénovation urbaine de Saint-Denis ?

Mathieu Hanotin : Les Jeux Olympiques de Paris (JOP) ont eu une dimension révélatrice de ce que le territoire est, et de ce que l’on souhaite le faire devenir demain, loin des caricatures et stigmatisations auxquelles on veut bien l’assigner. Cela nous donne un nouvel élan pour continuer nos projets, et les emmener, on l'espère, toujours plus haut. C’est particulièrement vrai sur le secteur Pleyel, sur lequel on travaille depuis plus de trois ans pour réorienter en profondeur le projet urbain. Nous voulons en faire un point d'ancrage majeur du Grand Paris, et qu’il devienne le premier quartier en volume d'hospitalité de toute l'Ile-de-France.

 

Nous allons tester les nombreuses innovations déployées dans le village olympique, comme des capteurs pour économiser l’eau ou l’IA territoriale initiée par la Solideo dans le cadre du programme « Eco-Citoyen », afin de construire la ville de demain et repenser les grands services urbains. Par exemple, pour décarboner la ville, nous allons renforcer le rôle de notre réseau de chaleur. Dans ce mandat, nous aurons presque doublé le nombre de clients qui y sont rattachés, ce qui en fait l’un des plus robustes de France. Nous avions 40 000 abonnés en 2019, en 2026, il y en aura 77 000.

 

Nous avons aussi réalisé une innovation assez importante grâce aux JOP, c'est le raccordement de notre réseau de chaleur au datacenter d’Equinix pour récupérer sa chaleur fatale et chauffer gratuitement la piscine olympique et mille logements qui vont se construire. Dans le prochain PLUI (plan local d'urbanisme intercommunal), qui sera définitivement adopté en novembre prochain, on met comme condition pour construire de nouveaux datacenters qu'ils soient obligatoirement accordés au réseau de chaleur.


Avez-vous un autre exemple de nouveau service urbain que vous voulez faire émerger ?

Nous lançons en 2025 un marché global de performances sur dix ans pour rénover l'intégralité de notre réseau d'éclairage public, soit 42 015 points lumineux à faire évoluer en Led, et le rendre pilotable intelligemment. L’éclairage devra être adaptable en fonction des situations, des saisons, des réalités de chaque rue, etc. Ce marché mettra en œuvre le Schéma Directeur d’Aménagement Lumière territorial voté en décembre 2023. Il prévoit des niveaux d’éclairage plus sombre, des ambiances lumineuses pour mettre en lumière des espaces publics ou encore l’instauration d’une trame noire. L’objectif premier est d’aboutir à une réduction de la consommation électrique de l’éclairage, qui est un gros poste de dépenses.

 

Cette consommation s’élève à environ 19 GWh par an, et ce, après la mesure de sobriété énergétique votée en 2022. Notre ambition est d’arriver à 75% d’économies d’énergie à l’issue du marché, ce qui nous mettrait aussi dans la bonne trajectoire en termes de diminution des émissions de gaz à effet de serre, dans le respect du Plan climat-air-énergie territorial. Nous sommes en cours de consultation pour choisir un prestataire, qui démarrera le projet entre fin 2025 et début 2026. Le coût de ce chantier de grande ampleur est estimé à 91 millions d’euros d’investissement. A cela s'ajoute le prix dégressif de la maintenance de ce patrimoine (qui relève du budget de fonctionnement), au fur et à mesure de l’amélioration du patrimoine due aux travaux.


Qu’en est-il de votre projet sur la gestion des déchets, depuis l’annonce de votre partenariat avec Citeo en novembre dernier ?

Nous avons équipé l’ensemble des mille points d’apport volontaire du territoire de capteurs pour nous permettre de mieux les gérer via le logiciel Sigrenea. Ce dernier nous alerte dès que le taux de remplissage atteint 75%. Avec Citeo, nous voulons développer les poubelles nouvelle génération, à la fois connectées et compactrices, comme on l'a fait pendant les JO, pour augmenter le tri avec moins de surface sur l'espace public. Nous avons le défi du tri alimentaire devant nous. Deuxièmement, sur la gestion des déchets sauvages, nous voulons réussir à mettre en place un process robuste, y compris par rapport à la Cnil, sur la vidéo-verbalisation des dépôts sauvages.


La ville a fusionné le 1er janvier 2025 avec celle de Pierrefitte-sur-Seine. Avez-vous dès à présent un projet numérique en commun ?

Le premier projet prioritaire concerne la mise en opérationnalité de notre centre de supervision urbaine (CSU), qui sera piloté de manière unique. Nous l’avons inauguré en juillet dernier, il a la capacité d'accueillir plusieurs centaines de caméras supplémentaires. Pour qu’il soit pleinement efficace, nous voulons le doter d’un dispositif de vidéosurveillance algorithmique (VSA), pour permettre, au fur et à mesure qu'on augmente le nombre de caméras, de garder leur opérationnalité et d'avoir une assistance logicielle à l'œil humain, qui doit toujours être décisionnaire. Car si on multiplie le nombre de caméras, les agents ne peuvent plus suivre.

 

Et plus on aura d'aide logicielle, plus on sera en mesure de développer des usages différents. Nous avons commencé quelques expérimentations sur une cinquantaine de caméras. Nous nous sommes par ailleurs posé la question de permettre à notre CSU, à travers notre centre de crise qu'on a installé dedans, de réceptionner des informations autres que le flux caméra. Un exemple : les feux de signalisation ou les signaux électriques pour qu’en cas de dysfonctionnements, on puisse avoir un pilotage le plus unifié possible. Nous avons encore du travail sur le chemin de la smart city.

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