Depuis le lundi 3 mars, une voie réservée au covoiturage est entrée en expérimentation sur une partie du périphérique parisien (entre la porte de Sèvres et la porte de Bercy) de 7h à 10h30 puis de 16h à 20h (hors week-end). Il s’agit d’un héritage des voies olympiques réservées aux athlètes et pendant les Jeux. Dans le même temps, un dispositif identique a été ouvert sur les autoroutes A1 (de 6h30 à 10h et de 17h à 18h30 entre Roissy et Saint-Denis) et A13 (de 7h à 10h, entre Rocquencourt et le tunnel de Saint-Cloud). Pour l’heure, la durée de cette expérimentation n’a pas été précisée.
Concrètement, ce sont les voies de gauche qui sont concernées, afin de limiter les perturbations avec les bretelles et échangeurs. Comme cela est déjà le cas dans d’autres villes hexagonales (Grenoble, Lyon, Strasbourg…), l’allumage d’un losange blanc signale aux automobilistes que les voies sont réservées aux véhicules transportant au moins deux passagers. L’objectif de l’opération est évidemment de réduire le nombre de véhicules circulant (sur le périphérique, 80 % d’entre eux ne transportent que le conducteur), et ce faisant d’améliorer la qualité de l’air, de diminuer les nuisances sonores, et de limiter la consommation de carburant, autant d’enjeux clairement identifiés dans le plan climat 2026-2030 de la ville.
Voies réservées : premier bilan en septembre
Des radars intégrant des algorithmes d’IA permettent de détecter les véhicules ne comportant qu’une seule personne, et ainsi de procéder à des vidéo-verbalisations. Dans un premier temps, ils seront utilisés dans une perspective pédagogique, un message sur les panneaux informant les conducteurs qu’ils doivent changer de voie. Mais, à partir du mois de mai, des amendes de 135 € seront délivrées. Le premier bilan de cette expérimentation sera réalisé en septembre par la ville et les services de l’État.
Si la mairie de Paris fait de la mise en place de voies réservées au covoiturage un élément supplémentaire de sa politique de réduction du nombre de voitures en circulation dans la capitale, la région Île-de-France semble plutôt réticente à cette mesure. « Notre sentiment est que la neutralisation d’une voie sur le périphérique risque de créer beaucoup de difficultés, sur la sécurité mais aussi en matière de pollution », explique Grégoire de Lasteyrie, vice-président en charge des transports et également vice-président d’Île-de-France Mobilités, « nous demandons donc que l'expérimentation soit de courte durée et que la voie puisse être désactivée en temps réel en cas d’embouteillages massifs ».
Des lignes de covoiturage en grande couronne
La rivalité politique entre l'exécutif municipal et les instances régionales n’est bien évidemment pas étrangère à cette défiance. D'autant que la région Île-de-France porte elle aussi une volonté en matière de covoiturage. « Bien sûr que nous promouvons le covoiturage car il réduit le nombre de voitures, facilite la circulation et limite la pollution, de plus il constitue un mode de déplacement complémentaire aux divers moyens de transport en commun existant sur le territoire », poursuit Grégoire de Lasteyrie, « il est particulièrement intéressant en grande couronne, du reste nous avons subventionné 2,8 millions de trajets de covoiturage en Île-de-France l’année dernière, soit 800 000 de plus qu’en 2023 ».
En effet, 2 trajets de covoiturage quotidiens sont inclus dans l’abonnement Navigo (avec une rémunération des conducteurs par Ile-de-France Mobilités). De plus, la région s'apprête à mettre en service les premières lignes de covoiturage en partenariat avec la société Ecov. « Nous allons faire des aménagements qui ressembleront à des arrêts de bus », souligne Grégoire de Lasteyrie, « la rémunération des conducteurs inscrits pourra aller jusqu’à 200 € par mois ». Les 3 premières lignes seront opérationnelles dans quelques mois et relieront Cernay-la-ville à Christ-de-Saclay, Guyancourt à Gif, et Orsay à Vélizy. La région annonce que d’autres suivront assez rapidement.