La stratégie « Numérique et intelligence artificielle responsables » de la Région Ile-de-France a été adoptée le 26 mars lors de l’Assemblée plénière du Conseil régional. Cette stratégie fixe ses ambitions et ses actions selon quatre axes : un numérique inclusif (avec la distribution d’ordinateurs éco-conçus aux lycéens), sobre (la durée de vie des équipements sera prolongée de cinq à sept ans à partir de 2027), éthique (par la protection des données) et respectueux de la « santé mentale » (zéro portable en cours dans les lycées pour limiter l’addiction aux écrans).
« Ce n’est pas seulement une déclaration d’intentions, nous allons prendre des mesures concrètes et mesurables qui vont servir les Franciliens. Mon ambition est de faire de l’Ile-de-France la première région numérique de France », a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, en préambule des délibérations lors de l’assemblée plénière du conseil régional.
Cela fait près de six mois que les élus impliqués planchent sur le texte, porté par la vice-présidente Christel Royer. « Cette stratégie s’inscrit dans le cadre des grands documents de planification de la région », a-t-elle rappelé lors de l’assemblée plénière. Définir le sujet a été le principal défi de la Région car « il est vaste et englobe de nombreuses composantes, de l’éco-conception à la frugalité des solutions. Notre point de départ était la responsabilité environnementale associée au budget vert et finalement le texte s’est densifié. La particularité de cette stratégie est d’aller plus loin que les chartes destinées à nos agents : elle concerne les interactions avec les autres stratégies, par exemple celle des achats responsables », précise Gwennaëlle Costa Le Vaillant, directrice donnée, numérique et smart région au sein de la Région Île-de-France.
Une stratégie critiquée par l’opposition
L’un des enjeux majeurs concerne la recyclabilité du numérique. Le premier pilier de la stratégie prévoit la distribution d’ordinateurs éco-conçus en aluminium recyclé aux élèves de Seconde des 470 lycées de la région. Une idée qui n’a pas fait l’unanimité. « Vous ne parlez pas d’open source ni ne proposez d’action de fin de vie des équipements. Ce n’est pas une stratégie mais du marketing », s’est insurgé en plénière François Damerval, élu représentant le groupe Ecologiste, qui n’a pas voté la stratégie. La Région entend faire grossir la filière de recyclage du numérique et va instaurer des points de collecte des équipements numériques dans ses lycées. Elle discute avec la start-up Unowhy pour pouvoir créer sa propre filière de reconditionnement.
Autre critique plus générale : Paul Miguel, élu représentant le groupe Socialiste, écologiste et radical (SER), a souligné le fait que « le rapport souffre d’une lacune majeure : l’absence d’un budget détaillé face aux quatre axes mis en avant », a-t-il déclaré, bien qu’il ait voté la stratégie. « La prolongation de la durée de vie génèrera des économies qui serviront à financer les coûts d’audit. Nous cherchons par ailleurs des fonds européens », lui a répondu Christel Royer.
Une IA déjà expérimentée par 10 000 enseignants
Le développement d’IA régionales est un autre point fort de la stratégie. Pour démontrer la possibilité de concevoir des solutions souveraines et éthique, la Région met en avant différentes applications ce 2 avril, lors du symposium européen du numérique et de l’IA qui se tient à Saint-Ouen (93). « Nous détaillerons le rôle de Spirit, une intelligence artificielle générative intégrée depuis le 1er février dernier dans l’interface des manuels scolaires. Cette IA, déjà expérimentée par 10 000 de nos 45 000 enseignants, les assiste dans la préparation de cours sur-mesure », confie Bernard Giry, directeur général adjoint à la Transformation numérique.
Pendant cette journée de symposium, la Région va mettre à profit une IA open source francilienne de traduction pour traduire les échanges instantanément dans les 14 langues des Etats représentés. « Nous finalisons pour fin avril une IA qui servira de coach aux Franciliens, associations ou collectivités afin d’identifier les aides de la Région auxquelles ils ont droit parmi les quelque 400 disponibles », ajoute Bernard Giry.
Plus de 600 personnes sont attendus au symposium, qui se veut, selon la Région, un moment d’échange de bonnes pratiques sur le numérique et l’IA entre partenaires européens. « Nous évoquerons la mise en conformité avec l’IA Act, pour expliquer concrètement comment on s’y met. Nous devons par ailleurs avoir un rôle de pédagogie auprès du grand public, pour leur rappeler que faire une requête sur une IA est excessivement plus gourmande en énergie que sur un moteur de recherche pour un bénéfice usager qui n’est pas là », indique Gwennaëlle Costa Le Vaillant. La stratégie sur le numérique et l’IA représentent une étape clé pour les métropoles, à l’image de Lyon qui a adopté la sienne fin janvier.
