Le projet Urba(IA) est mené par un consortium de cinq partenaires : Dassault Systèmes, NamR, One Click LCA, l’Institut Paris Région et CentraleSupélec. Ensemble, ils expérimentent une solution d'intelligence artificielle (IA) dédiée à l'urbanisme pour le compte de la Communauté d’Agglomération Paris-Saclay. Le projet, qui doit aboutir à une plateforme de planification urbanistique développée de manière sobre, a été lauréat du programme France 2030 « Démonstrateurs d’Intelligence Artificielle frugale au service de la transition écologique des Territoires » (DIAT). Il bénéficie d’un accompagnement financier de l'Etat à hauteur de 3,1 millions d'euros, pour un coût total du projet de 4,99 millions d'euros.

Qu’est-ce que Urba(IA) ?

Urba(IA) est une manière de prendre tout le droit de l’urbanisme - très complexe -, et tous les plans locaux d’urbanisme (PLU) pour les simplifier au maximum. Par exemple, si vous êtes maire d’une commune, lorsque vous avez sous vos yeux votre plan local d'urbanisme, il est difficile de voir quelles sont les zones dans lesquelles vous avez encore la capacité à construire par rapport à l’existant. Urba(IA) vous permettra de visualiser quelles sont les zones de votre commune qui peuvent encore s'urbaniser avec la règle actuelle de votre PLU. 

Puis, si vous révisez votre PLU, cela vous permettra de faire jouer les différents paramètres et de voir en temps réel, si vous changez telle ou telle règle (de hauteur, de surface au sol, de retrait…) qu'est ce que cela donne, comme constructibilité dans les nouveaux quartiers, et comment cela impacte la perméabilité des sols ou la circulation des îlots de chaleur.

Quel type d’informations trouvera-t-on sur Urba(IA) ?

L'ensemble des paramètres sur les PLU, notamment les paramètres climatiques et énergétiques, vont pouvoir être pris en compte en temps réel, alors qu’avant les élus faisaient un peu ça au doigt mouillé. Lorsqu’on organisait, une réunion publique, il fallait que quelqu'un se soit infligé la lecture des mille pages du PLU. C'était un peu aride. Avec Urba(IA), les élus accéderont à des visualisations très simples. Cela permettra aussi de faire gagner du temps aussi aux instructeurs du droit des sols, qui passaient des heures et des heures à vérifier que chaque ligne du permis était conforme à toutes les règles d'urbanisme.

Demain, avec Urba(IA), les permis de construire seront pré instruits par l'intelligence artificielle. On pourra vérifier la conformité des règles de manière extrêmement rapide. Si on trouve, par exemple, quelques non conformités mineures, on pourra vérifier en quelques minutes s’il y avait eu par le passé des cas similaires et comment ils avaient été traités. Cette façon de procéder donnera aux instructeurs du droit des sols beaucoup plus de temps pour apporter de la valeur ajoutée aux porteurs de projets et pour les accompagner, ce qu'ils ont pas le temps de faire aujourd'hui..

Peut-on appeler Urba(IA) un jumeau numérique ? Ou un hyperviseur ? Ou un outil complémentaire de l’un ou de l’autre ?

Urba(IA) est un jumeau numérique sur lequel on rajoute de l'IA. Mais nous avons aussi effectivement un jumeau numérique des territoires pour pouvoir simuler. Urba(IA) est une brique en plus.

En termes d'investissement, qu'est-ce que cela suppose pour la collectivité ?

Plusieurs millions d'euros sont investis par le consortium, avec un soutien fort de l'État. Nous avons obtenu plus de trois millions d'euros de l'État, mais nous avons aussi des investissements en propre. Dans l'agglomération, nous avons aussi des emplois qui sont dédiés à ce projet là. Nos partenaires ont aussi des ressources dédiées. Donc il y a vraiment un investissement fort de l'ensemble des partenaires sur ce projet.

À quel moment pensez-vous avoir suffisamment de recul pour évaluer l’apport d’Urba(IA) à la collectivité ?

Nous avons trois années de développement du projet. Le travail a déjà commencé et on a une première phase de démonstrateur au mois de juin. Très très vite, nous allons avoir des cas d’usage. 

Ce dont je peux déjà témoigner, c'est qu'aujourd'hui nombreux sont les maires du territoire ou en dehors du territoire à me dire : "mais quand est-ce que ton Urba(IA) sera opérationnel ? Parce que moi j'ai déjà des besoins, des cas d'usage." On sent qu'il y a une appétence forte pour l'outil. C'est une bonne chose.

Sur ce sujet, lire notre dossier « Quelles données pour quels jumeaux numériques » dans SCM n°66.