Les collectivités vont pouvoir mieux anticiper la localisation et la hauteur d’eau des crues. Vigicrues, le dispositif d’alerte de l’Etat, a adopté le 17 avril dernier l’affichage dynamique des risques d’inondation dans ses cartographies. Issue d’une demande des utilisateurs, cette évolution permet aux collectivités de passer d’une lecture statique des risques, sur PDF, à une visualisation dynamique de l’impact potentiel d’une inondation sur le terrain et les infrastructures.
Derrière cette innovation, les équipes de Vigicrues ont développé un processus d’ingénierie pour estimer les hauteurs d’eau à venir. Par un apprentissage des crues passées, et en fonction de la pluviométrie, un modèle va prévoir les écoulements et en offrir une visualisation. Pour garantir la fiabilité des données, Vigicrues travaille sur des modèles d’ensembles de Météo France. Ces derniers comprennent différents scénarios, ce qui permet d’extrapoler sur les éléments d’incertitudes. La géoplateforme de l’IGN sert quant à elle de support de stockage des données géoréférencées.
« Les collectivités peuvent créer des outils pour leurs besoins propres et les alimenter gratuitement par nos informations de référence », précise Mathias Daubas, chef du pôle Modélisation et Hydrologie Opérationnelle au service central de Vigicrues à Toulouse, qui annonce la création prochaine d’un plug-in avec le logiciel libre QGIS.
L’anticipation des crues représente en effet une information essentielle pour les collectivités et les gestionnaires de crise afin de mobiliser les moyens nécessaires, notamment pour leurs plans de sauvegarde communaux. « Le nouvel affichage a été utilisé ce week-end du 20 avril et a abouti à une centaine d’évacuations sur différents cours d’eau », indique Mathias Daubas. Ce dernier conseille aux collectivités de prendre l’habitude de suivre les remontées d’informations et de s’abonner à Vigicrues Flash. « C’est un système d’alerte automatisé de risque sur les crues soudaines. Des modélisations hydrologiques sont effectuées tous les quarts d’heure. Plus de 11 400 communes sont aujourd’hui couvertes par ce dispositif », ajoute le chef du pôle Modélisation et Hydrologie Opérationnelle.
Une première étape vers Vigicrues 2030
Pour rappel, le dispositif Vigicrues a été mis en place en 2006 par l’Etat pour connaître la situation des principaux cours d’eau et avertir dans les 24 heures suivantes les élus et la population en cas de risque. « Plus de 17 millions d’habitants sont exposés à un risque d’inondation par débordement d’un cours d’eau », rappelle Mathias Daubas. Les informations de quelque 4 000 stations près des cours d’eau, dont 2 200 sont connectées en temps réel, sont remontées sur la plateforme HydroPortail pour fournir les alertes sur 23 000 km de cours d’eau surveillés.
Le site et l’application mobile informent les utilisateurs d’un territoire sur la situation hydrométrique, c’est-à-dire le niveau des cours d’eau en temps réel, leur fournit un bulletin d’information de vigilance par code couleur, mais aussi des prévisions sur l’évolution des niveaux d’eau et l’affichage des zones inondables. « L’application mobile permet aux collectivités de s’abonner aux alertes d’un territoire », souligne Mathias Daubas. Plus de 7 700 collectivités sont abonnées à Vigicrues.
Si cet affichage dynamique représente une évolution du service, les équipes ne comptent pas s’arrêter là : le projet Vigicrues 2030, qui vient de débuter, va les mobiliser ces cinq prochaines années. La première étape du projet porte sur la création d’un modèle national. Les équipes du service central de Vigicrues échangent dès à présent avec des membres de l’Inrae et de l’Université Gustave Eiffel pour l’établir. Viendra ensuite le développement de la matrice décisionnelle dotée d’intelligence artificielle pour traiter les données spatialisées et obtenir des analyses. Et Mathias Daubas de conclure : « Ce projet, dans lequel la technologie sera importante, permettra une extension à la France entière de la vigilance crue, avec plusieurs niveaux de service. »
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