Près de 120 bâtiments publics, 4 usines d’eau potable et 40 commandes d’éclairage public ont été connectés dans le cadre du Smart Grid Vendée, un démonstrateur de réseaux électriques intelligents (smart grids) qui vient de terminer ses expérimentations. Mené par le SyDEV (syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée) et Enedis, un consortium d’acteurs a, durant 5 ans, installé des capteurs, développé une architecture numérique dédiée, conçu une plate-forme d’agrégation de données, piloté les équipements à distance via des actionneurs... ; le tout afin d’améliorer la gestion des réseaux d'électricité. « Ce démonstrateur a fourni des livrables, tels que des logiciels de régulation automatique de tension sur les réseaux, qui devraient être maintenant déployés au niveau national », annonce Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis.
Concrètement, le dispositif a permis de connaître en temps réel les consommations énergétiques du territoire et les productions locales d’énergies renouvelables. Ces dernières ont été mieux intégrées sur les réseaux grâce aux données collectées. Un programme d’optimisation énergétique a par ailleurs été mis en place. Objectif : équilibrer la production et la consommation sur le territoire par le biais de la flexibilité.
Expérimenter la flexibilité à grande échelle
La flexibilité consiste à demander à un consommateur de réduire ou différer sa consommation énergétique lorsque le réseau électrique est fortement sollicité. Pour cela, des capteurs de température ont, par exemple, été installés sur des bâtiments publics et des actionneurs positionnés sur leurs chauffages afin de les piloter à distance. « Avec le projet Smart Grid Vendée, nous avons pu valider notre modèle d’effacement diffus, indique Pedro Da Silva, directeur des opérations d’Actility, l’un des membres du consortium. Mais nous avons aussi constaté que nous devrions avoir une sélection plus fine des bâtiments qui offrent des possibilités d’effacements. Une salle des fêtes n’est pas assez utilisée pour représenter une réserve de consommation suffisante! »
Du côté d’Engie Ineo, l’effacement a été expérimenté via l’éclairage public. « Le choix des armoires que l’on a équipé c’est fait en concertation avec les élus afin de cibler les rues les plus pertinentes, et éviter de réduire la luminosité dans un carrefour où cela pourrait être dangereux », souligne Jean Sebastien Dunand, responsable du projet Smart Grid Vendée pour Engie Ineo. Et si la production électrique est supérieure aux besoins du territoire, Actility a également une solution : "l’évacuer" en se connectant aux usines d’eau potable locales et en remplissant leurs réservoirs plus que nécessaire.
Etude sociétale
En parallèle des expérimentations techniques, un autre membre du consortium, le CNAM, a mené une étude sur l’acceptabilité sociale de la démarche "smart grid" auprès des élus, des gestionnaires de bâtiments publics et de leurs usagers. « Nous voulions évaluer dans quelle mesure les contraintes d’effacement pouvait entraîner des rejets », précise Laurence Van Asten-Jault, directrice des formations et de l'innovation au CNAM Pays de la Loire. Le constat est sans appel : localement, la maturité est faible sur la question de l’énergie. « Nos concitoyens n’ont aucune notion de ce qu’est le smartgrid, ni de ce qu’on était en train de faire avec le Smart Grid Vendée », concède Daniel Aubineau, maire de Foussais-Payré et membre du SyDEV.
Le CNAM a alors l'idée de créer une salle immersive pour se projeter dans un futur où les réseaux électriques intelligents feraient partie du quotidien. « Mais on a eu des difficultés à trouver des personnes intéressées pour vivre cette expérience... confie Laurence Van Asten-Jault. Or, si on veut impliquer les citoyens dans le cadre des projets smart grids, il faut les sensibiliser. » « Nous avons un travail d’accompagnement à faire pour que les gens s’approprient mieux les solutions » confirme Yann Dandeville, responsable de l'activité Développement innovation du SyDEV. Le CNAM préconise par ailleurs de prendre en compte les usages, les logiques personnelles, les contraintes métiers et la peur de perdre en confort.
Fort d’enseignements techniques et sociaux, le projet Smart Grid Vendée s’apprête à tirer sa révérence. La plupart des équipements déployés devraient néanmoins rester opérationnels. Des tests vont en effet se poursuivre sur le territoire vendéen dans le cadre de Smile, un démonstrateur smart grid porté par les régions Bretagne et Pays de la Loire. Près de 2 000 bâtiments publics devraient notamment être équipés pour poursuivre des expérimentations d’effacement à très grande échelle.