« Quand j’ai été élu en 2014, j’ai trouvé une ville, un département et une agglo qui étaient dans un état végétatif », explique Denis Thuriot, maire de Nevers. Certes, des filières comme l’automobile ou le bois sont toujours présentes sur le territoire, mais elles n’ont pas suffi à faire décoller la Nièvre et à inverser une courbe démographique qui a vu le département perdre quelque 14 000 habitants au cours de ces 25 dernières années.
Le constat établi, la nouvelle équipe se met au travail, en misant sur le développement de l’agglo et sur les nouvelles technologies d’une manière générale. « J’ai nommé un vice-président en charge du numérique et je me suis entouré de compétences, poursuit Denis Thuriot. J’ai aussi développé un incubateur numérique dans une ancienne caserne qui se mourait depuis 15 ans, que j’ai jumelé avec l’incubateur de Shawinigan, au Quebec ».
La ville a donc déjà une ouverture internationale, également matérialisée avec Israël et la Palestine, où Nevers à déjà exporté le premier eTree (cf Smart City Mag n° 13). Mais le déclic qui donnera naissance au SIIVIM se produit au retour du CES (principal salon mondial de l’électronique, qui se tient chaque année à Las Vegas). « Je venais de signer un accord de principe avec le Québec en présence de Mounir Mahjoubi ; je me suis dit pourquoi on ne ferait pas un événement qui montrerait qu’entre les métropoles, les territoires et les campagnes il y a aussi des start-up du numérique ? »
Des infras pour faciliter les implantations
L’idée vise à rendre visible la « ville médiane » qu’est Nevers, en mettant en avant toutes ces initiatives qui pourront lui redonner une attractivité économique et sociale.
« Nous avons distribué des kits robotiques à partir de la 3ème année de maternelle, en concertation avec l’Education Nationale, détaille Denis Thuriot. Nous venons aussi de lancer une grande école du numérique qui est un beau succès ». A cela s’ajoutent d’autres initiatives "smart" comme le ticket de bus dématérialisé, ou les projets - en cours - d’éclairage intelligent et de capteurs de stationnement sur la voie publique.
« L’innovation n’est interdite à personne, commente l'édile, elle est à celui qui veut s’en emparer et qui n’a pas peur. Mes prédécesseurs vendaient un cadre de vie, mais ils ne vendaient pas les jobs. Or, vous ne faites pas venir des gens au RSA pour développer un territoire. C’est pour cela que j’ai créée des infrastructures et un terrain favorable aux implantations d’entreprises du numérique. Après, la cerise sur le gâteau, c’est qu’ici on peut avoir une maison avec jardin pour le prix d’un 40 m2 à Paris. Mon ambition c’est de redonner à Nevers un rôle de capitale départementale en France qu’elle avait perdu, et de dire qu’elle peut compter aussi dans le monde du digital ».
Le but du SIIVIM est aussi de faire connaître les bonnes pratiques internationales aux élus français. L’événement recevra des édiles de toutes les régions de France, mais aussi une quinzaine d’élus du Quebec (accompagnés, d’une délégation de leur ministère de l’économie) et des représentants d’autres pays comme Israël, l’Espagne ou encore la Chine… Cette projection à l’international ne se fait pourtant pas au détriment d’un ancrage local qui, au contraire, se renforce avec l’initiative en cours pour composer « un pôle métropolitain, avec Nevers, Châteauroux, Moulins, et Bourges, des villes qui sont proches mais qui ne travaillent pas ensemble parce qu’elles ne sont pas dans le même département, ni dans la même région ».
Un démonstrateur smart city grandeur nature
Le programme du SIIVIM portera notamment sur la ville intelligente, avec un démonstrateur smart city créé pour l’occasion par la société MLG Consulting. On y découvrira, grandeur nature, les technologies qui favoriseront la modernisation des villes médianes dans de multiples domaines et qui contribueront à la relance des coeurs de ville.
Après une soirée d’accueil le jeudi soir, la première journée (vendredi) sera consacrée aux professionnels (élus, entreprises) et la seconde (samedi) au grand public. « J’ai demandé à tous les élus de l’agglo d’être présents pour accueillir nos concitoyens et pour leur expliquer ce qu’ils font », explique le Maire.
Ce SIIVIM sera d’autant plus intéressant que Nevers travaille à la mise en place d’un appel d’offres sous forme de consortium « comme l’a fait Dijon, mais à notre échelle ». Passionné, par ailleurs, par les questions de mobilité, Denis Thuriot a mis toute la ville en parking gratuit (avec une limite de 2h) pour « intéresser les gens au centre ville ». Mais l’élu pense déjà à l’étape d’après, notamment à la voiture autonome. « J’ai tous les abords périphériques à retravailler et consacrer des lieux de stockage pour les voitures autonomes, afin que les gens n’entrent plus en voiture dans la ville. Je voudrais préparer le Nevers de demain ». En attendant, la 2ème édition du SIIVIM est déjà annoncée par l’incubateur de Shawinigan, au Quebec. Ce sera en mai 2019.